Maupertuis que nous venons d’évoquer est une personnalité dont le rayonnement est mondial, incontestablement un des phares des Lumières. À côté de lui, d’autres savants bretons, d’autres philosophes auront, en dépit de la force de leurs idées une renommée bien moindre. Ainsi va le monde…
C’est en particulier le cas de Charles-Hercule de Keranflec’h ou Keranflech dont l’œuvre attend toujours l’étude sérieuse qu’elle mérite[1].
Sa vie se résume en quelques dates. Il voit le jour au manoir de Launay et est baptisé le 4 février 1711 à Botmel avec pour parrain le comte de Boiséon, lié aux meilleures familles de l’aristocratie bretonne.
Sieur de (ou du) Launay (en Callac), Trensvern et Rosquelfen, il se marie le 15 juillet 1745 à Duault avec Perrine Marguerite du Leslay, dame de Chefbocage. Il mène une vie de gentleman-farmer accordant tous ses loisirs à l’étude et l’écriture. Il aura une fille et un fils qui rejoindra la chouannerie sous le nom de La Douceur. Il décède au château de Rosneven le 28 février 1787. Le lendemain, on l’inhume dans l’enfeu de Bodillio en l’église paroissiale de Pestivien [2].
Ce gentilhomme breton, retiré dans ses terres, publie tardivement beaucoup d’ouvrages.
À cinquante ans, en 1761, il fait paraître chez l’imprimeur rennais Vatar son grand œuvre, L’hypothèse des petits tourbillons, justifiée par ses usages, où l’on fait voir que la physique, qui doit son commencement aux tourbillons, ne peut être mieux perfectionnée qu’en poussant le principe qui l’a fait naître. Cet ouvrage est à la fois le complément, la défense et l’illustration de la théorie de Descartes revue et amendée par Nicolas Malebranche, son véritable père spirituel. Il veut justifier cette hypothèse (le titre insiste sur le terme) des tourbillons par ses usages (Discours préliminaire).
Trois années après, il récidive avec un Essai sur la raison, ou nouvelle manière de résoudre une des plus difficiles et des plus belles questions de la philosophie moderne (Rennes, Vatar
puis, Paris, 1765), un livre qui aura, comme le premier, un certain impact.
Viendront ensuite, toujours chez Vatar, un Nouvel examen de la question de l’ame des bêtes qui renvoie au livre célèbre de son compatriote Bougeant (auquel il s’oppose : « Il fait agir Dieu comme agirait un imbécile ») et bien entendu aux affirmations de Descartes qu’il prône et développe, puis, une Suite de l’essai sur la raison, avec un nouvel examen de la question de l’âme des bêtes (1768), une Dissertation sur les miracles (1773), des Observations sur le cartésianisme moderne, pour servir d’éclaircissement au livre de l’hypothèse des tourbillons (1774), un Recueil d’opuscules (1778), l’Explication historique du livre de l’Apocalypse (1783, réédité après sa mort), enfin, en 1785, son Idée de l’ordre surnaturel (suite des Opuscules).
Ce ne sont bien entendu là que ses ouvrages imprimés. On peut rêver des manuscrits tapis en son manoir, songer à la bibliothèque qu’il avait dû se constituer…
Kéranflech se distingue radicalement par sa pensée du Président de l’Académie de Berlin marqué par le sensualisme, l’empirisme et tenant du newtonisme (son introducteur en France avant Voltaire !), alors que lui se voudra essentiellement cartésien[3]. Disciple de Descartes et surtout de l’Oratorien Malebranche (l’Encyclopédie ne voudra voir que des rêveries sans substance dans l’œuvre de celui-ci !), il prend place dans le « camp » des philosophes sinon opposés aux Lumières au moins méfiants vis-à-vis d’elles, de leur esprit de système et des conséquences matérialistes qu’il prédit.
Dans son Essai sur la raison, il manifeste ainsi cet attachement à Malebranche tout en s’efforçant d’y adjoindre une métaphysique « modernisée ».
En fait, alors que l’étoile de Descartes a décliné (sauf en ce qui concerne sa « méthode », son « mécanisme » et sa géométrie bien entendu) et que, pour un temps au moins, la philosophie qui tient le haut du pavé s’en détourne pour prôner l’héritage de Locke et de Bacon, quand en France, la prévalence des préoccupations pratiques et politiques rejette dans l’ombre l’apolitisme et le solipsisme du cogito cartésien, en bref quand l’empirisme prend le pas sur l’idéalisme, on ne doit pas s’étonner de voir ce Breton assez isolé en son manoir, éloigné des grandes villes rejoindre par la pensée le philosophe dans son poêle : deux solitaires qui refont le monde dans l’abstraction et le retrait, mais à l’unisson quasiment à un siècle de distance, alors que ce monde a bien changé et que ce changement va encore s’accélérer !
À cette parenté de situation s’ajoute aussi le patriotisme breton : L. Robert le faisait remarquer d’emblée dans son article sur Kéranflech : défendre la philosophie de Descartes, la reformuler, c’est certes un devoir d’honnêteté philosophique pour rappeler au moins qui est le père de la « philosophie naturelle », mais c’est aussi un devoir patriotique car, pour lui, nul doute, Descartes était breton[4] :
« Toute la France doit s’intéresser à soutenir l’honneur de Descartes […], mais de toutes les parties du royaume, nulle ne doit montrer plus de sensibilité que cette province. (L’hypothèse des petits tourbillons, justifiée par ses usages, Discours préliminaire. P. 31-32).
« Cette province », c’est bien sûr la Bretagne et, se faire le défenseur de Descartes, c’est donc bien un acte patriotique[5] !
Quelques années plus tard, Marie Auguste Mareschal, dans l’article qu’il lui consacrera dans son Armorique littéraire, indiquera de même : « Quoique ce grand homme soit né sur une terre étrangère, il n’en est pas moins essentiellement Breton ». Il n’est pas non plus étonnant de découvrir chez lui une parenté avec un autre auteur breton qu’il n’a pu manquer de connaître, fidèle à Descartes et ami de Malebranche : le père Yves-Marie André dont nous avons évoqué la figure dans une précédente chronique.
Ainsi, dans son premier ouvrage sur les petits tourbillons, il reprend en fait l’idée de Malebranche, qui complète la pensée de Descartes comme une démonstration appliquée à l’infiniment petit qui viendrait compléter l’infiniment grand imaginé par le maître. Il s’efforce en outre d’y donner des preuves, d’en montrer l’intérêt pour tous les domaines de la physique, car Kéranflech sait mettre son érudition (et ses écrits prouvent qu’elle était immense) au service de ses convictions et de ses démonstrations.
Son but essentiel est d’accorder la foi et la raison, « ce que dit l’Église et ce que dit Monsieur Descartes » (p. 324) ou plutôt de montrer que si on a opposé ces deux domaines essentiels, c’est par manque de savoir, parce que la plupart des penseurs n’ont pas ce recul que permet le savoir philologique et l’examen direct des textes : « […] faute de faire attention au langage de chaque siècle et à la situation des écrits qu’on cite, on jette souvent de l’obscurité sur les Conciles et les Pères » (p. 325).
C’est ainsi qu’il montre une congruence entre la Genèse et la théorie cartésienne des tourbillons[6] puisque ceux-ci, conséquences du « souffle de Dieu » constituent à son avis le premier mouvement qui met en branle la matière d’abord étale et homogène, le « liquide » de Moïse. Ce mouvement lancé se développe en tourbillons infiniment petits et infiniment grands (l’éther universel des Cartésiens) : « Le seul phénomène des tourbillons et des forces centrifuges explique la pesanteur », lance-t-il alors aux newtoniens ! Nous qui discutons parfois à tort et à travers des « Big bang » et « Big crunch », nous ne perdrions pas notre temps à (re)lire Kéranflech !
Je n’entrerai pas dans ce débat fort complexe et impossible à résumer dans une notice biographique. Ajoutons seulement que le philosophe développe certes fidèlement les idées de Malebranche mais il les complète, les rend plus accessibles même si sa lecture n’est pas toujours aisée. Francisque Bouillier écrivait que dans l’univers imaginé par l’oratorien, il a ménagé un chemin « tout neuf » !
Ses pensées sur la lumière et les couleurs vont très loin (il se pourrait que Goethe en ait eu connaissance) et annoncent des découvertes bien plus tardives : « La lumière tire son origine du mouvement de vibration que les parties subtiles et insensibles des corps lumineux donnent au milieu environnant ».
Il en va de même sur sa théorie de la sympathie ou sur ce qu’il dit de l’infinité de l’étendue intelligible et l’infinité absolue de Dieu (tout en reprochant à Newton et Clarke de confondre immensité divine et immensité spatiale).
Sur le plan de la religion, les débats de son temps l’intéressent peu : il regrette qu’on ne sache plus lire les textes des pères de l’Église et tient en peu d’estime les théologiens de tout acabit : « Quand il s’agit de raisonner sur la conduite de Dieu, les théologiens commencent à se mettre en place », dit-il non sans férocité…
Keranflech, qu’on a tendance à opposer à la science de son temps, ne fait pourtant qu’énoncer les principes de la science moderne :
« Je ne dis pas qu’on a tort de faire des expériences. On n’en saurait trop faire. On ne peut trop s’assurer des faits. Mais je dis qu’on a tort d’en faire dans principes préalables et sans vues, sans un plan qui les lie ensemble, en un mot sans un système clair, fondé sur les notions communes des mécaniques et du bon sens, qui apprenne à bien voir les faits, qui fasse bien discerner ce qu’ils disent, et qui nous garde ainsi nous-mêmes de croire y voir ce qui n’y est pas » (Hypothèse, p. 325).
Le moraliste qu’il est fondamentalement sait faire la part du bon grain et de l’ivraie et il ne condamne que les déviations de l’esprit scientifique en un temps où chacun veut disposer d’un « cabinet d’instruments » : l’absence de projet précis, le rejet pur et simple du passé, le goût de la nouveauté pour la nouveauté, un manque de culture certain chez bien des « savants ». Il ne s’oppose pas vraiment à l’empirisme, à la place de l’expérience, mais considère qu’une collection d’observations ne remplacera jamais la quête d’un système du monde et il raille tous ceux qui « ont beau assembler tous leurs amis et s’électriser tous ensemble avec tous les meubles. […] On ne voit pas que cela les avance vers la cause de l’électricité » (Hypothèse…, P. 326).
Il n’est pas non plus ce personnage un peu rétrograde que les auteurs superficiels « expédient » en quelques phrases, un admirateur aveugle de Descartes. Il écrit ainsi avec des accents dignes des encyclopédistes :
« Je ne dis pas que l’on ait eu tort de renoncer aux explications de M. Descartes : mais je dis qu’on n’aurait jamais dû abandonner sa méthode, qu’on aurait dû s’attacher inviolablement à n’admettre que des idées claires, des causes mécaniques, et des explications uniquement déduites des figures, des configurations, et des mouvements de la matière. En suivant cette méthode, on eût corrigé les défectuosités de Descartes ; on eût rectifié son système ; et plusieurs eussent conduit à sa perfection ce qu’un seul ne put autrefois qu’ébaucher, dans le peu de temps qu’il eut à vivre. » (Observations sur le cartésianisme…, P. 50 et suiv.)
Il s’est penché sur quantité d’autres domaines, sur la littérature, sur les livres sacrés…, ses réflexions sur l’idée et sa nature annoncent Kant et toujours il rédige avec ces qualités que lui reconnaissait L. Robert : un « style entraînant et plein de charme […] un grand art de la composition. D’habiles accumulations de textes et de belles pages », auxquelles nous ajouterons une grande clarté et un humour parfois cinglant. Pour le lecteur moderne, s’il y a parfois des difficultés de lecture, elles proviennent moins d’une écriture que certains n’ont pas hésité à qualifier un peu vite de scolastique que d’une pensée qui utilise tous les domaines de l’érudition, domaines qui ne sont hélas ! plus toujours accessibles aisément !
Ses ouvrages sont aussi parcourus de réflexions sur la société, sur l’homme et montrent qu’il est un profond moraliste dans la lignée de La Bruyère, qui, bien que n’ayant pas ou peu quitté son canton, connaît le monde :
Évoquant le rapport des hommes de son temps à Dieu, il note ainsi :
« On le dépouille de ses attributs pour les distribuer aux créatures. Le grand, le riche, le brutal, le superbe s’approprient la force et la puissance. Le savant se donne pour une lumière. Le libertin, le voluptueux croit devoir ses plaisirs aux objets qui les occasionnent. L’honneur et la gloire dus à Dieu seul sont à une espèce de pillage duquel tous les êtres remportent quelque chose, hors celui auquel tout est dû. »
Ailleurs, il supplie ses contemporains de préserver l’héritage cartésien, de le développer, de l’améliorer peut-être et de ne pas sombrer dans la futilité des petits-maîtres :
« […] n’abandonnons jamais des idées nettes, des vérités démontrées, une théorie intelligible, une physique lumineuse, parce qu’elles ont le malheur de n’être pas à la mode […] ».
Devant l’inconstance humaine, il peut donner l’impression de se laisser aller à un certain pessimisme ou fatalisme :
« Tout est fortune en ce bas monde. L’inconstance hymen a droit sur tout, il y a des modes pour les systèmes et pour les opinions comme pour autre chose. »
Mais il sait relativiser cette inconstance, lui le sectateur d’un malebranchisme peu en honneur après 1750[7] :
« Que celui qui est en vogue ne s’en glorifie pas, il n’en retombera que plus vite, et celui qui tombe, qu’il se console, il en sera plus tôt relevé ».
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Si on rapproche cet idéaliste du matérialiste La Mettrie, on constate que ce sont deux Bretons qui tiennent les positions extrêmes de la philosophie quant à la nature de l’homme et à la matière, deux Bretons qui exploitent de manière la plus opposée qui soit le fameux dualisme cartésien…
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Hélas[8] ! ce philosophe campagnard n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait même si l’abbé Joannet s’appuie explicitement sur sa pensée pour écrire son livre, jadis fort prisé : De la connaissance de l’homme dans son être et dans ses rapports (1775)[9]. Loin de Paris, isolé, sa voix a été peu entendue, même si les journaux ont toujours été attentifs à ce qu’il écrivait et ont toujours manifesté un réel intérêt (Mémoires de Trévoux, Journal des savants (article important de décembre 1774), Gazette littéraire de l’Europe, Correspondance littéraire, philosophique et critique, L’Année littéraire de Fréron). Pour The Monthly Review de 1774, il est « un auteur très savant et très sensible » manifestant « beaucoup d’esprit et de dextérité » qui a su montrer les insuffisances du newtonisme comme l’insuffisance de l’attraction pour expliquer la réfraction de la lumière et la réfrangibilité des couleurs…
Nous dirons encore qu’il est un de ces auteurs que les grands philosophes ont rarement cités mais dont ils n’ont pas hésité à reprendre à leur compte certaines de leurs idées !
En guise de conclusion, impossible de ne pas reprendre cette belle phrase de Geneviève Rodis-Lewis dans son article sur Charles-Hercule de Kéranflech, en faisant toutefois des réserves sur l’ « archaïsme » :
« Cependant, comme l’archaïsme général de la statuaire bretonne relativement à son époque n’amoindrit pas notre admiration, ainsi Kéranflech a-t-il donné à sa reconstruction du malebranchisme la solidité parfois un peu lourde, mais aussi la pureté de forme du granit ».
NB : Une thèse intéressante sur la place de la physique au XVIIIe siècle (accessible sur internet) : Patrick Guyot, La mise en place d’une nouvelle philosophie de la physique au 18e siècle. Université de Bourgogne, 2012.
[1] L. Robert a donné toutefois plusieurs suites intéressantes sur son œuvre dans les Annales de Bretagne (1886 T. 1 p. 96-114 et P. 253-256 ; T.2 146-160 ; 1887, t. 3, P. 431-446 ; 1888, t. 4, P. 520-539 ; 1890, t. 6 p. 79-110 ). Il avait été précédé par quelques remarques de Miotcec de Kerdanet (Notices…), quelques pages que lui avait consacrées Francisque Bouillier dans son histoire de la philosophie cartésienne. Geneviève Rodis-Lewis a aussi rendu hommage à sa sagacité dans un article de la Revue philosophique de Janvier-Mars 1965 : « Un malebranchiste méconnu : Kéranflech ». Tanja Thern dans sa thèse Descartes im Licht der französischen Aufklärung, Heidelberg, 2003, lui consacre quelques bonnes pages.
[2] Voir Jérôme Caouen et son étude généalogique : http://tyarcaouen.free.fr/
[3] Toutefois, il ne rejette pas les principales découvertes de Newton comme la pesanteur mais s’en prend à la prétention des newtoniens de ne s’appuyer sur des faits observés alors que ce ne sont souvent que des « faits conclus », à leurs démonstrations qui manquent de rigueur et s’amuse à pousser certaines de leurs assertions jusqu’à l’absurde !
[4] S’il voit le jour en Touraine, René Descartes est très lié à la Bretagne : son père conseiller au Parlement à Rennes épousera en seconde noces Jeanne Morin, fille de Jean Morin, seigneur de la Marchandrie, propriétaire du château de Chavagne à Sucé près de Nantes, avocat du roi, président de la Chambre des Comptes et maire de Nantes ; sa nièce (née à rennes), Catherine, se considérera toujours comme bretonne ! Son frère Pierre, conseiller au Parlement de Bretagne, comme leur père, épousera Marguerite Chohan, dame de Kerleau en Elven. Voir Sigismond Ropartz, La Famille Descartes en Bretagne, Rennes, 1877 et Simon Alain, Descartes Breton ? Yoran Embanner, 2013.
[5] La défaite de la Guerre de Sept Ans provoqua aussi chez de nombreux auteurs un tel « réflexe » patriotique contre l’Angleterre et ses prétentions et contre l’anglomanie ambiante, contre la philosophie anglaise…
[6] « […] l’hypothèse complète des tourbillons forme l’explication littérale du 1er chapitre de la Genèse », écrit-il (p. 320).
[7] Cependant, Kéranflech n’est pas un isolé : Huygens peu après Descartes et avec une approche scientifique, Dambézieux, Villemot, de Molières, Gamaches, Euler même sont aussi partisans de la théorie des tourbillons et pensent qu’elle peut se développer, s’améliorer, rejetant le gravitationnisme, qui leur paraît aventureux ! Kéranflech écrit ainsi : « Mais les principes Newtoniens ne sont ni évidents, ni naturels. Le principe du vide n’est ni démontré, ni susceptible de démonstration. Le vide n’est ni un être, ni une manière d’être.[…] » =observations…, p. 106)
[8] Mais pourquoi « Hélas! » ? La gloire, la réputation est-elle un critère suffisant ? Kéranflech a écrit, ses livres existent, sa pensée traverse les siècles. Tant pis pour ceux qui n’ont pas lu au moins un de ses ouvrages (pour la plupart accessibles sur internet) !
[9] Notons tout de même qu’on le lit aussi avec intérêt en Bretagne. En mai 1762,Vincent Pocard du Cosquer de Kerviler note dans son journal : « Exercice de philosophie à l’occasion d’un ouvrage sur l’hypothèse des petits tourbillons, publié récemment à Rennes par M. de Keranflech qui veut perfectionner les idées de Descartes et qui n’ admet pas la nouvelle théorie newtonienne sur la physique, attendu qu’elle comporte que toute matière gravite, ce qu’on ne peut prouver, et qu’une gravitation non universelle cadre mieux avec les mouvements célestes. A la place, M. de Keranflech met le [pl ?,] et à l’attraction il substitue l’impulsion. La lumière n’est plus une émanation des parties propres du soleil, mais le mouvement des globules élastiques de l’éther, mis en action par les vibrations sans déplacement des corps lumineux. Sur tout cela, on disputa beaucoup, mais en somme on ne sait pas grand-chose. Mundum tradidit disputationibus forum. » (pdbzro.com/pdf/vincentpocard.
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