par Joël Cornette
Les âges lointains
Entre 700 000 et 500 000. Premières traces humaines. Présence de bifaces en quartz et quartzite sur les terrasses anciennes de la Vilaine (Ille-et-Vilaine). Éclats de silex retouchés dans la crique de Saint-Colomban à Carnac (Morbihan)
Vers 100 000. Au Mont-Dol (Ille-et-Vilaine), traces de chasse de grands mammifères : mammouths, rhinocéros, bisons…
Vers 10 000. À la suite de la disparition de la steppe gelée remplacée par des forêts de pins, de bouleaux et de chênes, la vie humaine se concentre sur le littoral. Évolution vers la sédentarisation.
Vers 8 000. Une population clairsemée de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs vit dans la péninsule armoricaine. À Téviec (Morbihan), découverte des plus anciens squelettes d’habitants de la (future) Bretagne, enterrés dans des tombes soigneusement scellées par des couches de pierres.
Vers 5000, 4500. Lente migration des “ hommes des mégalithes ” à partir du foyer rayonnant méditerranéen. L’économie passe progressivement du stade de la chasse et de la cueillette à celui de l’agriculture : c’est la “ révolution agricole néolithique ”. Artisanat de la poterie ; fabrication de haches de dolérite A. Erection des monuments mégalithiques : le plus ancien est le cairn de Barnenez à Plouézoc’h, à l’embouchure de la rivière de Morlaix (Finistère), énorme complexe funéraire.
3700. C’est à cette date qu’on situe les charbons exhumés dans le grand tumulus de Carnac qui domine les alignements de menhirs. 3 000 hommes sans doute ont été nécessaires pour dresser le grand menhir de Locmariaquer (Morbihan).
Vers 2500. Les communautés du néolithique armoricain entrent en contact avec des peuples qui maîtrisent les techniques d’extraction et de travail des métaux. Ces hommes du bronze débarquent, semble-t-il, à partir de la Manche.
Vers 1800. “ Civilisation des tumulus ” : inhumation individuelle des petits princes d’Armorique, chefs locaux thésaurisant des trésors métalliques.
Entre 1400 et 1000. Le commerce et la compétition économique animent des communautés productrices de bronze. Relations et échanges entre la péninsule ibérique, les îles britanniques et la Bretagne protohistorique.
Entre 1000 et 700. La “ civilisation des Champs d’Urnes ” (incinérations en urnes regroupées en cimetières) effleure l’Armorique.
700-600. La métallurgie du fer qui se développe au nord des Alpes marginalise les communautés atlantiques ; les objets que proposent les bronziers armoricains paraissent de plus en plus archaïques.
Vers 500. Premières traces écrites évoquant les navigations d’Himilcon, un Carthaginois qui passe au large de l’Armorique.
500-100. Déboisements de grande ampleur ; poussée démographique ; économie agro-pastorale ; exploitation du sel marin ; rôle important de Corbilo (Nantes), sur l’une des routes commerciales qu’emprunte le négoce méditerranéen pour atteindre la (Grande) Bretagne (commerce de l’étain) ; des fortifications témoignent d’un habitat “ aristocratique ”.
Vers 325. Pythéas explore les côtes de l’Armorique occidentale.
124. Une nouvelle province romaine est établie au sud de la Gaule, la Narbonnaise. Afflux de marchands en Gaule. Intensification des échanges avec l’Armorique. Les vins italiens constituent une denrée très répandue dans les communautés de l’Armorique de la fin de l’Age de Fer. Les Vénètes sont le “ peuple de beaucoup le plus puissant de toute cette côte maritime ” (César).
58. César devient gouverneur de la Gaule Cisalpine et Transalpine.
57. Début de la conquête par Rome de la Gaule indépendante. À la fin de l’année, l’armée romaine paraît pour la première fois en Armorique.
56. Les Romains réquisitionnent du blé et de la nourriture sur le territoire des Coriosolites et des Vénètes. Refus et révolte. Défaite des Vénètes face aux troupes de César, à la suite d’un combat naval mené sans doute dans le golfe du Morbihan.
54-51. La résistance des Armoricains se poursuit : ils soutiennent, notamment, Vercingétorix à Alésia.
Hiver 51-50. César installe deux légions “ chez les Turons, à la frontière des Carnutes, pour maintenir dans l’obéissance toute cette région jusqu’à l’Océan ” (César, Guerre des Gaules). L’Armorique semble pacifiée.
La Bretagne romaine
27-14 ap. Auguste met en place une organisation des territoires contrôlés par Rome. L’Armorique fait partie intégrante de la Lyonnaise. Elle est divisée en cinq “ cités ”, de l’est à L’ouest : les Namnètes, les Riedones, les Vénètes, les Coriosolites, les Osismes. Création des premières véritables villes comme capitales des cités.
41-68. Les règnes de Claude (41-54) et de Néron (54-68) accélèrent l’intégration économique et culturelle de la Gaule occidentale, comme en témoignent le perfectionnement du réseau routier et l’édification de nombreux monuments urbains.
96-192. Le “ Siècle des Antonins ”, de Nerva (96-98) à Commode (180-192), est marqué, en Armorique comme dans une grande partie de l’Empire, par la “ paix romaine ” : l’ouest de la Gaule manifeste tous les signes d’un développement économique, accompagné par le réaménagement de nombreuses villae, l’édification de monuments funéraires, la mise en place de l’industrie des salaisons sur les côtes, le dynamisme du commerce à longue distance.
244. L’assassinat de l’empereur Gordien III ouvre une longue période d’instabilité politique et militaire dans les provinces occidentales de l’Empire.
249-251. Règne de Trajan Dèce. Francs et Alamans s’infiltrent en Gaule.
260. Création de l’empire “ romain ” des Gaules sous l’impulsion de Postumus. L’Armorique accepte le pouvoir de l’usurpateur et de ses successeurs (Marius, Victorinus, Tétricus).
Années 260. Multiplication des expéditions de pirates vraisemblablement francs ou scots (Irlandais) sur le littoral armoricain. De nombreux enfouissements de monnaie sont datables de cette époque.
274. Victoire d’Aurélien sur Tétricus : l’Armorique retourne dans l’unité impériale.
270-300. Conjonction de raids de pirates francs et saxons et de mouvement sociaux de grande ampleur en Gaule (révolte des bagaudes) : les trésors enfouis à la hâte témoignent de l’ampleur des troubles ; les villes s’enferment derrière des murailles constituées de matériaux arrachés aux bâtiments publics ; les réseaux commerciaux sont disloqués. Le pouvoir impérial réagit en intégrant l’Armorique dans un vaste Tractus Armoricus et Nervicanus, sorte de Mur de la Manche et de l’Atlantique, étendu du Pas-de-Calais à la Gironde. Des Lètes francs sont chargés de la défense de l’Armorique.
306-363. Période constantinienne : un calme relatif semble régner en Armorique, marqué par un renouveau des échanges, une fragile renaissance des villes, la prospérité de certaines villae.
Années 360. Nouveaux ravages du littoral par les pirates francs et saxons.
Années 370-400. Décennies obscures, faute de sources. Ces années sont celles des origines de la Bretagne “ bretonne ” : Rome semble avoir fait appel à des Bretons (de Grande-Bretagne) pour assurer la défense de la Gaule menacée. La légende de Conan Mériadec, premier roi mythique de la petite Bretagne armorique, puise son origine dans ces événements guerriers.
405. Le Rhin est une fois de plus franchi par des peuples germaniques : les Suèves, les Alains, les Vandales…
410. Rome abandonne l’île de (Grande) Bretagne : les Saxons introduits comme mercenaires s’emparent du riche bassin de Londres, amorçant le refoulement des Bretons dans leurs réduits montueux de Cornouailles et du Pays de Galles.
Années 410. L’Armorique est pratiquement autonome, sous la domination de chefs de guerre, parfois déjà chrétiens.
476. Déposition par Odoacre de Romulus Augustule, dernier empereur d’Occident.
La Bretagne médiévale
Fin Ve siècle. Les Bretons entrent en contact avec les Francs unifiés par Childéric, père de Clovis, qui conquiert le bassin parisien et veut agrandir ses domaines vers l’ouest.
Vers 510. Un traité de paix est signé entre les Francs et les Bretons armoricains : moyennant certains accommodements de pure forme, Clovis leur concède formellement les cités (territoires) des Osismes et des Coriosolites, sans aucune obligation de tribut ni de service. La signature de ce pacte autorise une accélération de l’immigration bretonne en Armorique, dans le ressort des deux cités devenues la Domnonée.
511-558. Règne de Childebert. Les principaux saints émigrés de Grande-Bretagne en Armorique sont présentés comme contemporains du règne de Childebert, troisième fils de Clovis, roi de la Gaule occidentale. Pour les moines hagiographes, le roi de Paris personnifie le bon souverain, suffisamment distant pour ne pas s’ingérer dans les affaires bretonnes.
Années 550. L’historien byzantin Procope de Césarée, donne le nom de “ Bretagne ” au territoire jusque là nommé “ Armorique ” (“ pays à côté de la mer ”, ou “ en face de la mer ”). La Bretagne est divisée en trois grandes régions politiques appelées “ royaumes ” : la Domnonée (au nord), la Cornouaille (au sud-ouest), le Bro Weroc (la Bretagne du sud). Pour établir ce dernier “ royaume ”, les Bretons s’installent à Vannes sous la conduite de Waroch.
558. À la mort de Childebert, les petits-fils et les arrière-petits-fils de Clovis se déchirent. Les rapports entre Bretons et Francs ne cessent de se détériorer, notamment parce que les Aquitains rebelles du prince Chrame, en révolte contre Lothaire Ier, cherchent l’appui du roi breton Conoo qui semble avoir contrôlé le Vannetais.
Années 580. Expéditions franques contre les Bretons.
623-638. Règne de Dagobert Ier : il est fait mention de la présence à la cour du souverain franc d’un puissant et très pieux Breton nommé Judichael, roi de la Domnonée.
691. Les Annales de Metz signalent que les Bretons jouissent de la liberté grâce aux dissensions entre Mérovingiens.
751. Pépin le Bref dépose Dagobert III et prend le titre de roi des Francs. Dès leur accession au pouvoir, les Carolingiens s’efforcent d’imposer leur autorité sur les régions périphériques de la Gaule et donc en Armorique.
753. “ Le roi Pépin conduisit son armée en Bretagne, s’empara de la ville fortifiée de Vannes et soumit toute la Bretagne au territoire des Francs ” (Annales de Metz). En fait, Vannes seule est prise. Un comte est installé à demeure dans l’ancienne capitale des Vénètes. Mise en place d’une marche de Bretagne (marca Britanniae), comprenant les comtés de Vannes, de Rennes et de Nantes, Roland, tué à Roncevaux en 778, en fut le titulaire : il est qualifié de “ préfet de la marche de Bretagne ”.
753-830. Les Bretons, agressés, sont réduits à la défensive. Des expéditions militaires franques sont régulièrement organisées contre les Bretons : 753, 786, 799, 811, 818, 825, 830.
799. Pour la première fois, les Vikings sont signalés sur les rivages de l’île de Noirmoutier.
818. Lors d’une offensive franque, une entrevue a lieu à Priziac, sur les bords de l’Ellé, entre Louis le Pieux, qui y a établi son camp, et Matmonoc, l’abbé de Landévennec. Il est décidé que l’abbaye Saint-Guénolé adopterait la règle bénédictine. Toute l’Eglise bretonne est sommée de se plier aux usages prescrits lors des conciles réformateurs de 816 et 817 à l’instigation de Louis le Pieux, conseillé par Benoît d’Aniane qui a révisé la règle de Saint Benoît de Nursie (VIe siècle).
Nominoë (831-851)
831. Lors du plaid d’Ingelheim, Louis le Pieux nomme Nominoë, peut-être issu du Poher, comte de Vannes, et il lui confie la charge de missus imperatoris, c’est-à-dire d’envoyé de l’empereur en Bretagne.
832. Fondation de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, à l’initiative du moine Conwoïon. L’abbaye deviendra un monastère bénédictin modèle, peuplé d’aristocrates ayant quitté, volontairement, le monde.
833. Nouvelle révolte des trois fils de Louis le Pieux. Le comte Lambert de Nantes soutient les révoltés, mais Nominoë reste fidèle à l’empereur.
840. Mort de Louis le Pieux. La Francie occidentale, qui comprend la Bretagne, revient à Charles le Chauve, le plus jeune et le plus contesté des fils du défunt.
841. Charles le Chauve entreprend un voyage au Mans pour recevoir la soumission de quelques aristocrates bretons turbulents. Nominoë “ promit par serment de lui garder fidélité ” (Nithard, Histoire des fils de Louis le Pieux).
842. Traité d’alliance entre Charles le Chauve et Louis le Germanique contre Lothaire : Nominoë reste fidèle à Charles le Chauve.
843. Manipulé par Lambert, comte de Nantes, Nominoë se retrouve en guerre ouverte contre Charles le Chauve. Cette année-là, le 24 juin, un raid d’une flotte viking surprend et pille Nantes. L’êvêque Gunhard est tué dans la cathédrale Saint-Pierre que les fidèles ont tenté de barricader.
844. Nominoë prend position ouvertement contre Charles le Chauve, choisissant la voie de la révolte ouverte et déclarée. Il parvient jusqu’au Mans à la tête de ses troupes.
845. Le 22 novembre, Charles le Chauve, à la tête d’une petite armée, est vaincu dans les marais de Ballon près de Redon.
846. Charles le Chauve traite avec les Bretons. Mais la paix est relative, troublée notamment par des raids de pirates scandinaves et des incidents de frontière sur les confins franco-bretons.
849. Nominoë affirme son autorité en tenant un pseudo synode breton à Coitlouh : il dépose des évêques acquis au souverain franc et les remplace par des prélats de son choix. Il provoque ainsi un conflit avec la papauté qui proteste contre de pareils agissements.
850. Craignant une offensive de Charles le Chauve, Nominoë décide le premier de prendre les armes.
851. Nominoë meurt subitement, le 7 mars 851 à Vendôme selon la tradition. Cette mort est accueillie par les clercs francs comme un jugement de Dieu. Erispoë, son fils, lui succède et défait les troupes de Charles le Chauve à Jengland au nord de Nantes, les 21 et 22 août. En septembre, Charles le Chauve signe un traité avec Erispoë, que l’on peut considérer comme l’acte de naissance de la Bretagne : il lui cède les comtés de Nantes et de Rennes, plus, au sud de la Loire, la vicaria de Retz, ce qui lui donne le contrôle du trafic du sel. Erispoë, de son côté, fait hommage au roi franc qui accorde à la Bretagne le statut de royaume subordonné.
853. Les Scandinaves ont établi, sur l’île de Betia, en face de Nantes, un retranchement fortifié qui leur sert de base de départ et d’entrepôt commercial.
854. L’abbaye de Redon échappe au pillage des Vikings, mais la région est mise en coupe réglée.
857. Erispoë est assassiné par son cousin Salomon, mécontent du mariage annoncé de la fille d’Erispoë avec le fils de Charles le Chauve
Règne de Salomon (857-874)
859. Charles le Chauve est affaibli par la défection des grands, ce qui laisse une plus grande liberté à Salomon associé à certains d’entre eux. Salomon entretient la guerre civile dans tout l’ouest de la Francie occidentale.
863. Charles le Chauve monte une expédition contre Salomon, mais finalement préfère traiter : au monastère d’Entrammes, près du Mans, Salomon se reconnaît vassal du roi et s’engage à verser un tribut, qui sera ponctuellement acquitté en 863 et 864. En échange, Charles lui cède “ le pays entre deux eaux ”, une région comprise entre la Mayenne et la Sarthe.
865. Salomon reprend le chemin de la dissidence, parce qu’il craint la puissance ascendante de Robert le Fort, ancêtre des Capétiens, auquel Charles vient de concéder un important commandement militaire sur l’ouest de la Francie.
866. Mort au combat de Robert le Fort face aux Bretons et à leurs alliés vikings à Brissarthe (Sarthe).
867. Un traité est signé à Compiègne entre Charles le Chauve et Pascweten, gendre de Salomon. Le souverain franc cède aux Bretons le Cotentin. Salomon se trouve officiellement exempt de tribut, ainsi reconnu comme un monarque pratiquement indépendant dans son royaume.
871. Salomon écrit au pape Hadrien II qu’il ne pourra lui rendre visite à Rome comme il en avait conçu le projet, en raison du risque d’une incursion des Vikings.
873. Salomon intervient contre les Vikings qu’assiège Charles le Chauve dans la cité d’Angers.
874. 28 juin. Salomon meurt, les yeux crevés, victime d’une conspiration ourdie tant par des membres de sa famille, dont son gendre, Pascweten, que par des nobles francs. A sa mort, ses meurtriers ne parviennent pas à s’entendre : Gurvant et Pascweten, bientôt relayés par leurs fils respectifs, Judicaël et Alain, s’affrontent dans une sanglante guerre civile, aggravée par l’appel à des mercenaires vikings.
La marque Viking
888. Alain, fils de Pascweten, parvient à s’imposer. Il aurait alors vaincu les Normands, peut-être à Questembert. Pendant son règne, la Bretagne vit une période de paix relative, tant civile qu’extérieure.
907. La mort d’Alain le Grand offre de nouveau la péninsule à la convoitise des Vikings.
907-937. Tentative de colonisation d’une partie de la Bretagne littorale par les Vikings.
913. Les Normands s’installent durablement dans la rade de Brest et pillent l’abbaye de Landévennec, provoquant la fuite des moines. Commence le grand exode des reliques et des livres emportés par les moines vers la Neustrie.
919. “ Les Normands ravagent, écrasent et ruinent toute la Bretagne située aux extrémités de la Gaule, les Bretons étant enlevés, vendus ou autrement chassés en masse ” (Flodoard).
931. Une révolte des Bretons contre le joug des Vikings païens échoue en Cornouaille. Le duc de la Normandie nouvelle, Guillaume Longue-Epée, vient au secours des Scandinaves et s’empare, à cette occasion, du Cotentin et de l’Avranchin : la Normandie, comme la Bretagne, sont alors définitivement constituées.
Vers 935. Alain Barbetorte, petit-fils d’Alain le Grand, réfugié en Grande-Bretagne, débarque à Dol, massacre une bande de Vikings, se rend par voie de mer près de Saint-Brieuc, avant de marcher sur Nantes.
936. Alain Barbetorte fait de Nantes sa capitale. Comte de Cornouaille (hérité de son père) et de Nantes, il est reconnu par les Bretons comme leur chef légitime et s’efforce de chasser les Normands de l’ensemble de la péninsule armoricaine.
939. Alain Barbetorte remporte une victoire décisive sur les Normands à Trans (Ille-et-Vilaine), qui les jette hors de Bretagne : l’ère viking est close, pour l’essentiel.
952. Mort d’Alain Barbetorte. La disparition de son seul fils légitime, Drogon, la succession à la tête du comté d’enfants illégitimes et surtout les ambitions des comtes de Rennes enlèvent au comte de Nantes l’espoir de conserver l’hégémonie sur la Bretagne.
La Bretagne féodale
1008-1040. Règne d’Alain III, comte de Rennes et duc de Bretagne, qui doit céder à son frère Eudes un vaste apanage qui couvre le Trégor et le Penthièvre : la Bretagne est bien entrée dans l’âge féodal, marqué par une multiplication, une dislocation des centres de pouvoirs.
1040-1066. Règne de Conan II. Il doit fait face aux soulèvements de son oncle Eudes de Penthièvre, du puissant comte de Cornouaille, Alain Canhiart (1029-1058) et de bien d’autres seigneurs.
1066. Conquête de l’Angleterre par les Normands de Guillaume le Bâtard, devenu Guillaume le Conquérant. Les Bretons forment le gros de l’aile gauche à la bataille d’Hastings.
1066-1084. À la mort de Conan II sans héritier, le duché passe de la maison de Rennes à celle de Cornouaille : Hoël, fils d’Alain Canhiart, a épousé la sœur du défunt duc. Mais Hoël se distingue par un manque d’autorité, qui renforce d’autant le pouvoir des châtelains.
1084. Règne d’Alain IV Fergent, fils d’Hoël. Les débuts de son règne sont marqués par une forte mortalité.
1095. Alain IV répond à l’appel du pape Urbain II et participe à la première croisade. L’appel de Clermont a été entendu avec ferveur en Bretagne. Alain IV a fait partie des vainqueurs de Jérusalem (juillet 1099). La régence en Bretagne est assurée par sa femme, la duchesse Ermengarde, fille du comte d’Anjou.
1112. Fortement marqué par la croisade, Alain IV se retire au monastère de Redon où il meurt en 1119.
1112-1148. Règne de Conan III, fils d’Alain IV. Son règne fut, semble-t-il, pacifique.
1137. Conan III marie sa fille, Berthe, à Alain le Noir, comte de Richemont, héritier du duché de Penthièvre, branche cadette de la maison ducale de Bretagne, espérant ainsi amarrer au duché la Bretagne du Nord.
1146. Alain le Noir meurt, dans des conditions obscures. Conan III remarie sa fille avec Eudon de Porhoët, maître de la Bretagne centrale.
1148. Mort de Conan III. Peu de temps avant sa mort, il a déshérité son fils, Hoël. La succession revient à Conan, un enfant dont le père est Alain le Noir, le premier mari de Berthe. Eudon de Porhoët exerce la régence, au nom de son épouse, Berthe, mère du jeune Conan.
Entre la France et l’Angleterre
1154. Quand, âgé de quinze ans, Conan IV devient majeur, Eudon refuse de lui céder le pouvoir. Conan va alors chercher refuge auprès du nouveau roi d’Angleterre, qui l’accueille chaleureusement et lui rend l’honneur de Richmond, un domaine considérable que son père, Alain le Noir, avait possédé. Geoffroy Plantagenêt, oncle du roi, s’empare du comté de Nantes en contrepartie.
1156. Conan IV débarque en Bretagne et enlève à Eudon de Porhoët ses principales positions.
1163. L’aristocratie bretonne déclenche une série de révoltes contre la tutelle jugée trop envahissante de Henri II Plantagenêt.
1166. Henri II Plantagenêt débarque en Bretagne et impose sa paix en réglant la succession du duché : Conan IV se trouve contraint d’accepter le mariage de Geoffroy, fils du roi d’Angleterre, avec sa fille Constance, héritière du duché. Henri II prenant pour prétexte le jeune âge des fiancés (quatre et huit ans) décide d’assumer directement le gouvernement de la Bretagne.
1169. À Montmirail, Louis VII reconnaît la prééminence du Plantagenêt sur la Bretagne et sur tout l’ouest du royaume.
1174. Henri II Plantagenêt brise les résistances féodales en Bretagne.
1181. Le roi d’Angleterre accepte de céder le duché de Bretagne à son fils Geoffroy.
1185. Assise au comte Geoffroy : premier texte législatif ducal. Il met un frein à l’éparpillement des baronnies en décidant que désormais elles passeraient au fils aîné.
1186. En août, Geoffroy meurt à la suite d’une blessure reçue en tournoi à la cour de Philippe Auguste. Sa veuve, Constance, déjà mère d’une petite Aliénor, donne le jour à un fils quelques mois après le décès de son jeune époux. Les grands du duché exigent qu’il prenne le nom d’Arthur, sorte de défi messianique adressé à l’Angleterre.
1189. Mort de Henri II Plantagenêt. Affrontement de ses deux fils, Richard-Cœur-de-Lion et Jean Sans-Terre. Constance, remariée par son beau-père au vicomte d’Avranches Ranulf de Chester, exerce le pouvoir en Bretagne au nom de son fils.
1196. Richard Cœur-de-Lion convoque Constance à Rouen et la retient prisonnière : le sort de son fils, Arthur, âgé de neuf ans, est une affaire d’État.
1199. Mort de Richard-Cœur-de-Lion. Deux héritiers sont possibles : Jean-Sans-Terre, quatrième et dernier fils d’Henri II, et Arthur, son petit-fils. La vieille reine Aliénor, désigne Jean pour la succession. L’Anjou, le Maine, la Touraine refusent et le jeune duc de Bretagne se trouve ainsi engagé dans une lutte impitoyable contre Jean-Sans-Terre.
1201. Constance, la mère d’Arthur, meurt.
1202. Le roi de France prétextant que Jean sans Terre ne s’est pas présenté devant sa cour, confisque au nom du droit féodal ses fiefs continentaux et il charge Arthur de conquérir l’Anjou et le Poitou. Arthur est surpris par son oncle, qui le fait prisonnier à Mirebeau, en Aquitaine.
1203. Arthur est mis à mort dans des conditions obscures à Rouen, probablement de la main même de son oncle, Jean Sans Terre. Sa sœur, la princesse Aliénor, demeure captive en Angleterre jusqu’à son trépas en 1241, sans jamais avoir été autorisée à se marier. Barons et évêques bretons affirment leur fidélité à Guy de Thouars, qui avait épousé la duchesse Constance en troisièmes noces et ils reconnaissent pour héritière leur fille Alix (alors âgée de trois ans).
1203-1204. Guy de Thouars achève la conquête des domaines continentaux de Jean Sans Terre avec l’aide des troupes de Philippe Auguste. L’aide de la France a un prix : la Bretagne passe de la tutelle anglo-normande à celle de la France.
1206. Un acte établi en faveur de l’Eglise nantaise mentionne que “ le seigneur Philippe, roi de France, tient en main propre toute la Bretagne ”.
1213. Mariage d’Alix, fille de la duchesse Constance, avec Pierre de Dreux, arrière-petit-fils de Louis VI, surnommé plus tard Mauclerc. Ce dernier fait hommage au roi de France. Jusqu’à la mort de Philippe Auguste, en 1223, il lui reste fidèle.
1222. Réunion au duché de Bretagne du comté de Penthièvre.
1227-1234. Pierre Mauclerc participe à quatre révoltes de grands seigneurs féodaux mécontents de la centralisation monarchique. En 1229 notamment, rompant la foi jurée à Philippe Auguste, il transfert l’hommage du duché à Henri III, roi d’Angleterre.
1234. Faute d’un soutien efficace du roi d’Angleterre, Pierre Mauclerc se soumet à Louis IV.
1237. Pierre Mauclerc cède le duché à son fils Jean Ier à sa majorité. Il mourra au retour de la croisade d’Egypte de Saint Louis.
1237-1286. Règne de Jean Ier, dit Jean Le Roux, duc prudent et pacifique, qui fait montre d’une fidélité sans faille à l’égard du roi capétien. Le développement économique du duché s’affirme.
1250. Une partie du Léon est unie au duché de Bretagne.
1286-1305. Règne de Jean II.
1297. Philippe Le Bel élève la Bretagne au rang de duché-pairie : le duc de Bretagne devient ainsi l’égal d’une poignée de hauts feudataires, les “ pairs de France ”.
1303. Mort d’Yves Hélori (saint Yves).
1305-1312. Règne d’Arthur II.
1312-1341. Règne de Jean III, synonyme, pour la Bretagne, de stabilité et de paix. Le duc affiche une francophilie sans failles, se comportant, en toutes occasions, en fidèle soutien du roi de France. Il adopte pour armes les hermines pleines. À la fin du Moyen Age, l’hermine s’affirme en héraldique comme un symbole de pureté (pour sa robe blanche) et de majesté.
1328. Le roi de France Charles IV le Bel décède sans héritier direct. Les prélats et les barons de France reconnaissent comme roi Philippe VI de Valois, fils de Charles de Valois et neveu de Philippe le Bel. Ils écartent par là même du trône Edouard III d’Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle. Edouard III, sûr de son bon droit, refuse de prêter l’hommage vassalique au roi de France pour la Guyenne en tant que duc d’Aquitaine. Finalement, face à la pression française, le roi d’Angleterre accepte de venir à Amiens prêter le fameux serment, mais avec des réserves concernant des terres détachées du duché de Guyenne par Charles IV.
1337. Excédé par les interventions persistantes de Philippe VI en Guyenne, Edouard III déclare qu’il annule son hommage au souverain capétien et qu’il revendique la couronne de France. Il prend le titre de “ roi de France ” et envoie un défi à Philippe, déclenchant ainsi la guerre de Cent ans. Le duc de Bretagne ne pouvait rester indifférent : le francophile Jean III était le vassal des deux rois rivaux à cause de ses tenures en France et en Angleterre (honneur de Richmond depuis le XIe siècle) ; mais il n’engage pas directement son duché dans le conflit.
1339-1340. Jean III sert dans l’armée royale française durant les campagnes de Flandre.
30 avril 1341. Mort de Jean III, sans héritier.
La Guerre de succession (1341-1365)
1341. Deux candidats s’affrontent pour la possession du duché : le demi-frère de Jean III, Jean de Montfort et Jeanne de Penthièvre, fille du frère cadet de Jean III, mariée à Charles de Blois, fils de Marguerite, sœur du roi de France Philippe VI de Valois. Philippe VI de Valois défend la cause de son neveu Charles de Blois, Edouard III soutient celle de Jean de Montfort.
Jean de Montfort ne peut espérer réussir à se faire reconnaître comme duc qu’en saisissant très vite un pouvoir vacant, car Charles de Blois est resté en France. Froissart rapporte qu’en mai, il s’impose à Nantes puis il se fait reconnaître par de nombreuses villes du duché avant de rencontrer Edouard III à Windsor (mais ce voyage anglais est une pure invention de Froissart). Puis il se rend à Paris pour rendre hommage au roi de France. Mais Philippe VI lui manifeste son hostilité, invitant son neveu, Charles de Blois, à reconquérir par la force, son duché. La guerre est inévitable : la Bretagne est transformée, durant vingt-trois ans, en champ de bataille de la guerre de Cent ans.
Partie d’Angers, l’armée royale fait le siège de Nantes où Jean de Montfort s’est laissé enfermer. La ville capitule le 21 novembre. Le duc prisonnier est envoyé sous escorte à Paris.
1342. Jeanne de Flandre, l’épouse de Jean de Montfort, continue le combat au nom de son fils et, réfugiée à Hennebont, accepte une aide de l’Angleterre. Le 19 octobre, Edouard III débarque à Brest pour entamer une campagne dans le duché de Bretagne. Le port et ses environs, seront tenus par les Anglais jusqu’en 1397. Multiples “ malheurs et misères ” (Froissart) dans les campagnes.
1343. Une trêve est conclue le 19 janvier à Malestroit. Charles de Blois tient Rennes et Nantes et domine toute la Haute-Bretagne et le littoral nord. Edouard quitta la Bretagne, emmenant Jeanne et ses enfants. Le roi de France fait arrêter et exécuter à Paris Olivier de Clisson puis six chevaliers et quatre écuyers des plus vieilles familles bretonnes, soupçonnés de trahison.
1344. Charles de Blois entre en Bretagne à la tête d’une armée, assiège Quimper, pris en mai, puis Guérande.
1345. Jean de Montfort, élargi sur parole, s’enfuit du royaume de France et passe en Angleterre où il prête hommage à Edouard III. Thomas Dagworth bat Charles de Blois sur les landes de Cadoret, près de Josselin. Jean de Montfort échoue devant Quimper et meurt le 26 septembre d’une blessure mal soignée. Son fils, Jean de Montfort est élevé en Angleterre par le roi Edouard.
1346. Terrible défaite française à Crécy.
1347. Charles de Blois est fait prisonnier lors du siège de La Roche-Derrien. Conduit en terres montfortistes, il reste un an à Vannes avant d’être transféré en Angleterre. La Bretagne est comprise dans la trêve de Calais. La guerre demeure suspendue pendant les quatre années suivantes.
1348-1350. Grande Peste noire (ou pulmonaire) en Occident. La Bretagne fut, semble-t-il, relativement peu touchée.
1350. Assassinat de Thomas Dagworth, le chef des troupes anglaises en Bretagne. Mort de Philippe VI de Valois. Jean II (1350-1364) lui succède.
1351. Le “ Combat des Trente ” met aux prises trente-et-un champions du parti de Blois et autant de partisans de Jean de Montfort (dont vingt-et-un sont Anglais) sur la lande entre Ploërmel et Josselin. Les Bretons finissent par l’emporter cette joute entreprise en période de trêve (26 mars).
1352. La guerre ouverte reprend. Alternance de trêves et d’affrontements sporadiques et confus. Cette année-là voit la première réunion probable des états, au moment où on se préoccupe de mettre en place les prélèvements extraordinaires rendus nécessaires pour le paiement de la rançon de Charles de Blois.
1356-1357. Long siège de Rennes (octobre-juillet) mené par le duc de Lancastre accompagné du jeune comte Jean de Montfort, âgé de seize ans. La ville résiste. En août 1356, Charles de Blois a été libéré contre la promesse d’une énorme rançon de 700 000 florins d’or.
1360. Traité de Brétigny entre la France et l’Angleterre. Concernant la Bretagne, les deux rois s’engagent à ménager un accord entre les deux prétendants. Mais Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles de Blois, s’oppose à tout partage.
1362. Edouard III remet solennellement à Jean de Montfort, âgé de 22 ans, ses pouvoirs sur le duché de Bretagne.
1364. Le 29 septembre, Charles de Blois meurt à la bataille d’Auray. Jean de Montfort se retrouve seul duc de Bretagne : les ralliements à sa personne se multiplient.
1365. Conclusion de la paix. Traité de Guérande. Fin de la guerre de succession. Le duc s’adresse aux états pour obtenir le premier fouage étendu à l’ensemble du duché.
Règne de Jean IV (1364-1399)
1366. Le roi de France Charles V reconnaît Jean IV comme duc de Bretagne à la suite de de son hommage.
1368. Reprise des hostilités entre la France et l’Angleterre.
1369. Jean IV, en raison de ses liens forts avec l’Angleterre et malgré son allégeance à Charles V, fait appel à un contingent anglais.
1370. Enquête d’Angers sur la sainteté de Charles de Blois.
1372. Un traité secret, défensif et offensif, est signé entre le représentant du duc de Bretagne et Edouard III. Les Français le rendent public, ce qui provoque un vif mécontentement et la défection d’une partie de la noblesse bretonne, qui entre dans les armées du roi de France.
1373. Bertrand du Guesclin, au service du roi de France, passe en Bretagne et rallie nombre de Bretons à sa bannière. Le connétable contraint Jean IV à l’exil en Angleterre. Constatant la vacance du pouvoir, Charles V ordonne la saisie du duché.
1374. Bécherel tombe aux mains des forces franco-bretonnes.
1375. Timide contre-offensive ducale : une armée commandée par Jean IV (et Cambridge) débarque en Bretagne. Mais pas de ralliement massif des Bretons à une armée jugée trop “ anglaise ”.
1377. Jean IV rentre en Angleterre pour préparer une nouvelle offensive. Mais la mort d’Edouard III l’oblige à la remettre à plus tard.
1378. Une petite flotte anglaise débarque à Brest. En décembre, Charles V confisque officiellement le duché et le rattache à la couronne de France.
1379. Les Bretons, indignés, se soulèvent, forment des ligues et rappellent Jean IV. Jean IV débarque à Dinard, accueilli en “ libérateur ” en août.
1380. Mort de Charles V et de Bertrand du Guesclin.
1381. Second traité de Guérande (6 avril) : la neutralité bretonne est tacitement reconnue et le duc fait une allégeance de pure forme à Charles VI. En réaction, les Anglais confisquent l’honneur de Richmond et conservent Brest. Lors d’une séance solennelle des états à Rennes, Jean IV fonde l’ordre de l’Hermine.
1384. Joan Holand, l’épouse anglaise de Jean IV, meurt, sans lui avoir donné d’héritier.
1386-1387. Jean IV mène le siège de Brest.
1389. Richard III, le successeur d’Edouard III, déclare sa majorité. Suspension d’armes entre la France et l’Angleterre. Naissance d’un fils de Jean IV, qui s’est remarié avec Jeanne de Navarre, fille de Charles le Mauvais.
1392. Dénombrement des feux. Ce document (incomplet) a permis d’évaluer le peuplement du duché à environ 1 250 000 habitants.
Vers 1395. Le Chronicon Briocense est composé par un familier de Jean IV.
1396. Trêve de 28 ans entre la France et l’Angleterre.
1397. La ville et le château de Brest sont livrés au duc qui rachète la place. Jean IV revient en Angleterre pour la première fois depuis 1379 : il est réinvesti de la terre de Richmont et conclut un pacte avec Richard II.
1399. Mort de Jean IV. Son fils Pierre, appelé ensuite Jean comme son père, lui succède. Mais il n’a que dix ans.
Règne de Jean V (1399-1442)
1399. Régence de la duchesse Jeanne, sous le contrôle du connétable de Clisson et des principaux barons. Charles VI a fait pression pour que l’éducation du futur souverain breton se fasse à Paris jusqu’à sa majorité.
1402. La régente épouse par procuration Henri IV, roi d’Angleterre qui a détrôné Richard II, le gendre de Charles VI. Inquiétude des grands et du parti français qui obtiennent son départ. Elle confie alors la régence à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, qui fait son entrée à Nantes. Crainte d’une annexion de la Bretagne par la France. Le 23 mars, Jean V, âgé de douze ans, inaugure son règne par la cérémonie du couronnement à Rennes.
1406. Henri le Barbu, évêque de Nantes, décide la tenue de registres des baptêmes par les curés (il est imité en 1446 par le diocèse de Dol, en 1450 par celui de Saint-Malo, en 1464 par celui de Rennes).
1407. Trêve avec l’Angleterre (renouvelée en 1409, 1411, 1415, 1417).
1410. Le duc fait frapper une monnaie d’or, le florin, où il se fait représenter à cheval, en roi de guerre, la tête surmontée d’une couronne à hauts fleurons, l’épée nue dans la main droite et un écu frappé de trois hermines à la main gauche.
1415. Azincourt. Désastre pour l’armée française.
Vers 1415. La Très Ancienne Coutume de Bretagne. Recueil de règles de procédure civile et criminelle, de droit pénal, civil, féodal et rural. Le texte sera fixé en 1480 lors de la première publication imprimée.
1417. Le souverain breton s’affirme “ duc par la grâce de Dieu ”.
1420. Marguerite de Clisson, fille du connétable, devenue l’épouse de Jean de Penthièvre, fils de Charles de Blois, feint de vouloir se réconcilier avec Jean V. Elle l’attire sur ses terres et le fait prisonnier (13 février). Il est ensuite transféré en Poitou. C’est son épouse, Jeanne de France, fille de Charles VI, qui le sauve par la mobilisation des grands. En juillet, Jean V est libéré. Les Penthièvre sont exilés et leurs terres confisquées. Le pouvoir ducal sort renforcer de l’épreuve.
1422. Mort de Charles VI et de son gendre Henri V, qu’il avait reconnu roi de France.
1425. Accord entre Jean V et Charles VII. Le comte Arthur de Richemont, frère des ducs, reçoit l’épée de connétable.
1426-1430. Grande enquête, à but fiscal, décidée par le duc pour connaître les ressources de son duché. Des dizaines d’enquêteurs parcourent le territoire : ils se distinguent par la précision et le sérieux de leur travail. On trouve mention sur le document, à côté des feux fiscaux, du nombre réel des familles de contribuables.
1427. Jean V se rapproche des Anglais.
1431. Jean V doit faire face au complot du duc d’Alençon, son neveu.
1434. Les envoyés du duc de Bretagne au concile de Bâle, engagent une longue querelle de préséance avec les représentants du duc de Bourgogne, arguant que le duché n’est pas vassal de la couronne et que leur prince exerce tous les pouvoirs du roi, qualité qu’avaient ses ancêtres.
1435-1442. Dans les dernières phases de la guerre de Cent ans, le duc réussit à garder des relations acceptables avec tous les belligérants même s’il n’interdit pas à ses sujets de s’engager dans l’armée française.
1442. Mort de Jean V. Son fils aîné, François, lui succède.
Règne de François Ier (1442-1450)
1442. Le duc ne prête qu’un hommage simple à Charles VII, trop faible pour pouvoir exiger plus.
1446. Arrestation de Gilles de Bretagne, le frère de François Ier. Il soutenait fortement l’Angleterre. En 1450, il sera étranglé sur ordre d’un conseiller du duc. La suspicion de fratricide pèse sur François Ier…
1449. La prise de Fougères contraint les Bretons à s’engager dans le conflit.
1450. L’aide des Bretons contribue à la victoire décisive de Formigny. L’armée ducale accompagne l’armée française commandée par le connétable Arthur de Richemont dans la reconquête du royaume, notamment en Normandie.
Règne de Pierre II (1450-1457)
1453. L’armée de Pierre II participe à l’ultime campagne du roi de France en Guyenne, qui marque la fin de la guerre de Cent ans. Le blocus de Bordeaux est assuré par la flotte de Jean de Quelenec.
1455. Une grande enquête est décidée par le duc sur ses droits et privilèges.
Règne d’Arthur III (1457-1458)
Oncle de François Ier et de Pierre II. Son règne, bref, est marqué par la réaffirmation de l’indépendance du duché malgré son office de connétable. À sa mort, en 1458, lui succède François II, âgé de 23 ans, petit-fils de Jean IV par son père Richard d’Etampes, neveu de Jean V.
Règne de François II (1458-1488)
1459. Couronnement de François II, acclamé par les Rennais. Il s’installe à Nantes, qui devient dans les faits la capitale du duché.
1460. Ouverture d’une université à Nantes.
1461. Début du règne de Louis XI, qui considère le duc de Bretagne comme un vassal qu’il faut soumettre. Il pratique une politique d’usure dans tous les domaines.
1464. François II accueille les grands révoltés contre Louis XI.
1465. François II participe à la Ligue du Bien Public contre Louis XI.
1466. Pierre Landais inspire la politique extérieure du duc : il s’agit de renforcer l’indépendance bretonne, de multiplier les alliances contre le roi de France.
1467-1468. François II aide le duc de Normandie, le frère de Louis XI, à reconquérir son apanage confisqué.
1471. Mariage de François II et de Marguerite de Foix.
1471-1473. Reprise de la guerre avec la France, sur les Marches.
Vers 1470-1474. Chronique de Bretagne de Jean de Saint-Paul.
1477. Mort de Charles Le Téméraire devant Nancy : le duc breton se retrouve isolé pour répondre à la “ grand’hayne ” (Commynes) qu’éprouve Louis XI envers la Bretagne et son souverain. Naissance d’Anne de Bretagne (26 janvier). Arrestation du chancelier Guillaume Chauvin, partisan d’une plus grande modération à l’égard du royaume.
1480. Louis XI rachète les droits des Penthièvre à la succession de Bretagne. Pierre Le Baud achève ses Compillations des chronicques et ystoires des Bretons.
1481. François II et Maximilien d’Autriche signent un traité d’alliance et d’amitié. Un traité équivalent est conclu avec l’Angleterre d’Edouard IV. Il comporte un projet de mariage entre le prince de Galles et l’héritière présomptive du duché, Anne.
1483. Mort de Louis XI. La régente, Anne de Beaujeu, poursuit la même politique que son père contre le duc de Bretagne, au nom de Charles VIII.
1484. Mort du chancelier Chauvin, en prison. Premier atelier typographique installé en Bretagne, à Bréhant-Loudéac, une petite paroisse rurale comprise dans les domaines de la maison de Rohan (arrondissement de Ploërmel dans le Morbihan). Les deux premières œuvres auxquelles les typographes Robin Foucquet et Jean Crès attachent leur nom sont tout à fait représentatives de la foi bretonne, dévotion à la Vierge et culte des morts : Trespassement Nostre-Dame et les Loix des Trespassés. Avant la fin du siècle, d’autres ateliers sont signalés à Rennes, à Tréguier, à Lantenac, à Nantes. Un seul d’entre les cinq, celui de Tréguier, était situé en région de langue bretonne. On lui doit l’impression du Catholicon, dictionnaire franco-breton-latin.
1485. Arrestation, jugement et pendaison de Pierre Landais. Le duc installe à Vannes une cour souveraine siégeant deux mois par an, pourvue d’un personnel stable : la création de ce parlement breton coupe le dernier lien administratif et judiciaire entre la Bretagne et la France.
1486. Les états de Bretagne font serment de reconnaître Anne comme duchesse. Mort de Marguerite de Foix, mère d’Anne. Pierre le Baud, Genealogie des rois, princes et ducs de Bretaigne.
1487. Traité de Chateaubriant entre Charles VIII et les grands seigneurs bretons révoltés (maréchal de Rieux, vicomte de Rohan, comte de Laval). En mai, une armée française envahit la Bretagne et fait le siège de Nantes. En août, après des semaines de combat, les assaillants rebroussent chemin. Le maréchal de Rieux rallie le camp du duc.
1488. La guerre de conquête menée par la France se poursuit : Chateaubriant tombe, puis Ancenis et Fougères. La bataille décisive a lieu à Saint-Aubin-du-Cormier le 28 juillet. Le 20 août, par le traité du Verger, François II s’engage à ne pas marier ses filles sans le consentement du roi. Le duc meurt le 9 septembre. Anne, âgée de douze ans,, devient duchesse de Bretagne.
Règne d’Anne de Bretagne (1488-1514)
1488. Le maréchal de Rieux, tuteur d’Anne, refuse les exigences de Charles VIII, notamment que la princesse ne prenne pas le titre de “ duchesse de Bretagne ”.
1489. La guerre reprend avec la France. Couronnement d’Anne dans la cathédrale de Rennes (10 février). Trahison du maréchal de Rieux, qui établit à Nantes un gouvernement séparé. Traité de Francfort entre Charles VIII et Maximilien d’Autriche (22 juillet) : des articles secrets prévoient que le roi de France retirera ses troupes du duché. Le traité est ratifié par Anne le 3 décembre.
1490. Finances épuisées. Jacqueries paysannes, notamment en Cornouaille. Réconciliation d’Anne et du maréchal de Rieux (août). Anne conclut un mariage par procuration avec Maximilien d’Autriche le 19 décembre.
1491. Alain d’Albret, prétendant dépité d’Anne de Bretagne, livre la ville de Nantes aux troupes françaises. Rohan occupe la Basse-Bretagne au nom du roi de France. Les troupes françaises approchent de Rennes. Anne se résout à traiter et à épouser Charles VIII. L’union est célébrée le 6 décembre dans la chapelle de Langeais. Anne a cédé à son époux tous ses droits sur le duché et elle s’interdit de révoquer cette donation par testament au cas où elle mourrait avant le roi.
1492. Couronnement d’Anne de Bretagne à Saint-Denis (8 février). Mécontent, le vicomte de Rohan sollicite l’aide de l’Angleterre. Le roi d’Angleterre finalement renonce à un débarquement en Bretagne. Le 7 juillet, Charles VIII reconnaît les privilèges de la Bretagne. Un traité est signé à Étaples entre Charles VIII et Henri VII (3 novembre). Le roi d’Angleterre reconnaît le fait accompli en Bretagne.
1493. Charles VIII supprime la chancellerie de Bretagne.
1494. Expédition française en Italie : des nobles bretons y participent, notamment le maréchal de Rieux.
1496. Anne met au monde un garçon, prénommé Charles. Ses deux premiers fils sont morts. Charles meurt à son tour.
1498. Mort de Charles VIII à Amboise (8 avril). Anne rétablit aussitôt la chancellerie bretonne et le conseil. Elle en confie la direction à Philippe de Montauban. Le 19 août, Anne s’engage à épouser Louis XII en cas d’annulation du mariage de ce dernier avec Jeanne de France. Elle fait son entrée solennelle à Nantes le 3 octobre. Le pape accorde l’annulation du mariage de Louis XII (décembre).
1499. Mariage d’Anne de Bretagne et de Louis XII (janvier). Le contrat préserve l’indépendance de la Bretagne : Anne se réserve de son vivant la jouissance pleine et entière du duché. Une situation à double niveau se met en place : au sommet, le roi ordonne tout ce qui concerne les fonctions régaliennes de la souveraineté ; dans le duché, Anne s’occupe de l’administration intérieure. Naissance de Claude, fille d’Anne de Bretagne. Le Catholicon de Jehan Lagadeuc, dictionnaire breton, français et latin publié par R. F. Le Men, d’après l’édition de Auffret de Quoetqueueran imprimée à Tréguier chez Jehan Calvez en MCCCCXCIX.
1503. Naissance de François, fils de Louis XII et d’Anne. Il meurt peu après.
1504. Second sacre d’Anne de Bretagne à Saint-Denis (novembre).
1505. Pierre Le Baud, Histoire de la Bretagne. Anne effectue pendant trois mois un “ Tro Breizh ” (juin-septembre).
1506. Louis XII impose à Anne les fiançailles de François d’Angoulême (âgé de douze ans) et de Claude.
1510. Naissance de Renée de France, deuxième fille d’Anne de Bretagne.
1514. Mort d’Anne de Bretagne (9 janvier). Cérémonie d’inhumation de son cœur à Nantes. Mariage de Claude de France et de François d’Angoulême (18 mai). Louis XII confie l’administration de la Bretagne à François d’Angoulême (25 octobre). Alain Bouchart, Grandes Croniques de Bretaigne.
Règne du roi François Ier (1515-1547)
1515. Avènement de François Ier. En avril, Claude fait donation du duché à son royal époux, acceptant qu’il revienne ensuite au dauphin et non à un fils cadet qui aurait assuré une dynastie distincte. Antoine Duprat, chancelier de France, est nommé chancelier de Bretagne.
1517. Couronnement de la reine Claude à Saint-Denis.
1518. Premier séjour de François Ier en Bretagne, occasion de resserrer les liens avec la noblesse.
1523. Les états se voient refuser leur demande de diminution du fouage.
1524. Mort de la reine Claude. Par testament, elle laisse son duché à son fils aîné François.
1526. Guy de Montfort, comte de Laval, est nommé gouverneur de Bretagne : sa nomination permet au roi, par le biais de ses alliances et clients, de contrôler de larges secteurs de la noblesse.
1527. Arrestation de Philibert Tissart, général des finances en Bretagne.
1530. La Passion, suivie de la Résurrection, premiers mystères imprimés en breton. Les autres mystères publiés sous l’Ancien Régime sont la Vie de sainte Barbe (1557), la Vie de saint Gwenolé (1580), une seconde édition de la Passion (1622), un seconde édition de la Vie de saint Barbe (1647), la Vie des trois Rois (1745).
1531. Jean de Montfort de Laval est nommé gouverneur.
La Bretagne, province du royaume de France
1532. Arrivée de François Ier en Bretagne (mai). Largesses multiples pour anesthésier toute volonté d’opposition. Les États de Bretagne sollicitent l’union du duché au royaume (4 août). Mais d’âpres discussions ont eu lieu. Couronnement du duc François III à Rennes (14 août). Édit de Plessis-Macé proclamant l’union définitive de la Bretagne et de la France (3 septembre) tout en garantissant les libertés fiscales, judiciaires et ecclésiastiques de la province.
1534. Les États font soigneusement transcrire dans un registre les “ privilèges et franchises ” essentiellement fiscaux dont bénéficie la Bretagne. Première expédition de Jacques Cartier vers la découverte et l’exploration du Canada (deux autres vont suivre en 1535 et en 1541).
1536. Mort du dauphin François.
1538. Édit de Moulins. Il oblige les nobles bretons à renouveler leur hommage au roi.
1539. Les hôtels des Monnaies de Rennes et de Nantes frappent des pièces rigoureusement semblables à celles des autres hôtels des Monnaies du royaume.
1540. François Ier remet l’administration de la Bretagne au dauphin Henri.
1543. Jean de Brosse est nommé gouverneur.
Règne du roi Henri II (1547-1559)
1552. Création de cinq présidiaux : Nantes, Rennes, Vannes, Quimper, Ploërmel (ce dernier présidial n’a fonctionné que quelques mois).
1554. Un édit royal crée un “ Parlement et siège de justice souveraine au duché de Bretagne ”. Il partage ses deux sessions entre Nantes (février-avril) et Rennes (août-octobre). Construction du premier calvaire monumental à Plougonven.
1558. Séjour sur ses terres de la Bretesche, près de La Roche-Bernarnd, de François de Coligny, seigneur d’Andelot : dans son domaine, il organise plusieurs prêches calvinistes. À la suite de son passage, le calvinisme s’implante au sud de la Vilaine, dans la doyenneté de La Roche-Bernard, dans la région de Guérande, au Croisic.
Règne de François II (1559-1560)
1560. Isabeau, douairière de Rohan, passe à la Réforme. Création de l’Eglise de Blain.
Règne de Charles IX (1560-1574)
1561. Transfert définitif du parlement de Nantes à Rennes. Premier synode des Eglises protestantes bretonnes, réunissant six pasteurs.
1562. Naissance de l’Eglise réformée de Sion, une des plus solides du comté nantais.
1562-1563. La première guerre de Religion a eu peu d’effet en Bretagne.
1565. Synode des Eglises bretonnes : vingt-huit communautés sont représentées. Maximum d’implantation du protestantisme en Bretagne.
1565. Sébastien de Luxembourg, gouverneur, applique une politique d’intolérance religieuse.
1570. Coustumes de Bretagne reveues et corriges sur l’original signé des commissaires réformateurs, Rennes, Julien du Clos, 1570.
1572. Saint-Barthélemy. Aucun massacre en Bretagne.
Règne du roi Henri III (1574-1589)
1575. Création de la chambre criminelle du parlement de Rennes, dite la Tournelle selon le vocabulaire parisien.
1576. Nantes adhère à la ligue dite de Péronne.
1582. Philippe-Emmanuel, duc de Mercoeur, est nommé gouverneur. Bertrand du Plessis d’Argentré, Histoire de Bretaigne, des roys, ducs, comtes et princes d’icelle.
1583. Concile provincial de Tours (les neuf évêchés bretons sont soumis à la métropole de Tours) : décision d’appliquer les principales réformes du concile de Trente.
1585. Le duc de Mercoeur participe à la Ligue. Combats entre catholiques et protestants dans le Bas Poitou : désastres pour la noblesse protestante. Les quatre fils de François d’Andelot disparaissent, de blessures ou de maladies.
1586. Blain, principale place protestante en Bretagne, est prise par le duc de Mercoeur.
1588. Ouverture des états généraux à Blois (octobre). Assassinat des Guise par Henri III (décembre)..
1589. Affirmation à Paris d’un pouvoir révolutionnaire : le duc de Mayenne devient “ Lieutenant général de l’État et Couronne de France ” (janvier-février). Rennes tombe aux mains des ligueurs. Le parlement se soumet au duc de Mercoeur (13-14 mars). Rennes se délivre des ligueurs (5 avril). Lettres patentes d’Henri III portant destitution du duc de Mercoeur (18 avril). Le duc de Mercoeur crée à Nantes un “ Conseil d’État et des finances ”. Assassinat d’Henri III, avènement d’Henri IV (août).
Règne du roi Henri IV (1589-1610)
1589. Une grande partie de la Bretagne a basculé dans le camp des Ligueurs. Nantes devient la capitale de la Ligue bretonne. Seules villes fidèles à Henri IV : Rennes, Vitré, Brest, Ploërmel, Tréguier, Pont-L’Abbé. Le duc de Mercoeur sollicite l’aide de Philippe II (août), ordonne le transfert à Nantes du parlement de Bretagne et délivre des lettres de provision d’officiers au parlement (septembre). Les magistrats du parlement de Rennes prêtent serment de fidélité à Henri IV en souhaitant sa conversion (12 octobre).
1590. Entrée en fonction, à Nantes, d’un parlement ligueur (janvier).Un arrêt du parlement de Nantes interdit à quiconque d’obéir au roi de Navarre et ordonne à tous les gentilshommes et gens de guerre de se mettre aux ordres du duc de Mercoeur. Révoltes populaires en Basse-Bretagne, notamment autour de Carhaix. Elle se termine par une “ grande tuerie de paysans ” (chanoine Moreau). Débarquement d’un contingent espagnol de 3 000 hommes (octobre). Occupation de Blavet.
1591. Assemblée des états de la Ligue à Nantes (29 mars-6 avril). Le parlement de Nantes enregistre les soixante dix-huit articles adoptés par les états pour satisfaire aux besoins de la province. Un corps anglais de 2 000 hommes débarque à Paimpol et se joint à l’armée royale en Bretagne. Le parlement ligueur ordonne à tous les habitants de la province de faire la “ guerre à feu et à sang ” aux Anglais. Mort de La Noue, “ bras de fer ” d’Henri IV, au siège de Lamballe (août). Famine dans de nombreuses régions bretonnes, conséquence de la mauvaise récolte de 1590.
1592.États de la Ligue à Vannes (21 mars-9 avril). Bataille de Craon : victoire du duc de Mercoeur, aidé des troupes espagnoles (23 mai). Le maréchal d’Aumont recoit le commandement de l’armée du roi en Bretagne (août). Henri IV considère comme une nécessité de négocier avec Mercoeur.
1593. États de la Ligue à Vannes (13 avril-5 mai). Abjuration d’Henri IV (juillet). Les positions des Ligueurs s’affaiblissent en Bretagne. Trêve générale de trois mois entre les Ligueurs et les royaux dans tout le royaume. La trêve est appliquée en Bretagne.
1594. Sacre d’Henri IV (février), entrée du roi à Paris (mars). États de la Ligue à Vannes (2-12 mai). Victoires militaires du maréchal d’Aumont : de nombreuses villes, notamment en Basse-Bretagne se rallient à Henri IV. Saint-Malo, érigée en république indépendante depuis 1590, se soumet au roi (octobre). Le maréchal d’Aumont s’empare du fort de Crozon, près de Brest, tenu par une garnison espagnole. Début des négociations avec des représentants de Mercoeur à Ancenis (décembre).
1595. Le parlement de Rennes enregistre la déclaration de guerre à l’Espagne (20 février). Mercoeur signe un traité avec Philippe II (30 juin). Mort du maréchal d’Aumont (17 août). Au fil des mois, les villes bretonnes reconnaissent Henri IV.
1596. Trêve plus ou moins observée entre les partisans de Mercoeur et ceux de Henri IV. Arrivée du maréchal de Brissac, lieutenant général du roi en Bretagne (juillet).
1597. Victoires du maréchal de Brissac. En décembre, les états réunis à Rennes, supplient Henri IV de “ s’acheminer promptement en Bretagne avec son armée pour la délivrer de l’usurpation et oppression de ses ennemis, et icelle réduire en liberté et en ses anciens droits et privilèges sous son obéissance ”.
1598. Prise de Dinan par les “ royaux ” (février). Derniers arrêts du parlement ligueur de Nantes (17 mars). Traité de paix entre le duc de Mercoeur et Henri IV (20 mars). Entrée du roi à Nantes (13 avril). Signature de l’édit de pacification (30 avril). Signature de la paix de Vervins avec l’Espagne (2 mai). Entrée de Henri IV à Rennes (9 mai). Les derniers soldats de Philippe II quittent la Bretagne (septembre). Une épidémie ravage la Bretagne, notamment la Basse-Bretagne : “ la peste fut presque universelle par la Bretaigne ”, écrit le recteur de Pontivy.
1599. Henri IV impose le sieur de la Bouchetière à la mairie de Nantes.
1600. Après deux lettres de jussion (30 avril, 19 juillet), le parlement de Rennes enregistre l’édit de Nantes (23 août).
1609. Mariage du duc de Vendôme avec Françoise de Lorraine-Mercoeur.
1610. Achèvement du calvaire de Saint-Thégonnec : il comporte une statue de Henri IV représenté en bourreau flagellant le Christ, une manière d’éterniser dans le granit le souvenir du souverain qui fut “ hérétique ”, un indice d’une “ culture régicide ” partagée bien au-delà du cercle des spécialistes du droit, des hommes d’Eglise et des lettrés
Règne du roi Louis XIII (1610-1643)
1613. Michel Le Nobletz utilise pour la première fois la technique des images peintes (taolennou) lors d’une mission à Landerneau.
1614. Le duc de Vendôme participe à la révolte des grands contre la Régence. Marie et Médicis et le jeune Louis XIII se déplacent à Nantes (août).
1615. Nouvelle révolte du duc de Vendôme.
1620. Nouvelle prise d’armes du duc de Vendôme.
1625. Yves Nicolazic, “ paysan laboureur ” découvre dans un champ du Bocenno, dans la paroisse vannetaise de Pluneret, une vieille statue de bois représentant sainte Anne (nuit du 7 au 8 mars).
1626. Voyage de Louis XIII en Bretagne (Nantes et Rennes). Jugement et exécution du comte de Chalais à Nantes (19 août). Pons de Lauzières, marquis de Thémines, est nommé gouverneur de Bretagne, en remplacement du duc de Vendôme. Création par Richelieu de la Compagnie du Morbihan, dite aussi Compagnie des Cent associés.
1627. François de Cossé, duc de Brissac, est lieutenant général (en remplacement du marquis de Thémines, décédé).
1631. Richelieu gouverneur de Bretagne.
1635. Pierre Belordeau, Les Coustumes generales des pays et duché de Bretagne, avec la paraphrase et explication litérale et analogique sur tous les articles d’icelles, Paris, Veuve Nicolas Buron, 1635. La France en guerre contre l’Espagne.
1636. Vaine tentative de débarquement des Espagnols “ contraints de se rembarquer diligemment, tant ils voyaient venir de gens contre eux ” (Fontenay-Mareuil). Tentative sans lendemain, de mise en place d’un intendant en Bretagne. Dubuisson-Aubenay, Itinéraire de Bretagne en 1636 (publié en 1898-1902). Albert Le Grand, Les Vies de saints de la Bretagne armorique.
1639. Une terrible dysenterie touche de nombreuses régions de Bretagne.
1640. Michel le Noblez confie à Julien Maunoir la charge de poursuivre ses missions en Basse-Bretagne.
1641. Première mission importante de Julien Maunoir à l’île d’Ouessant. De 1640 à 1683, il effectue 439 missions.
1643. Instauration d’un fouage extraordinaire de 800 000 livres. Il devient permanent à partir de 1661.
Règne du roi Louis XIV (1643-1715)
1649. Le parlement prononce l’interdiction à qui que ce soit de prendre dans la province le titre et la fonction d’intendant.
1655. Après trente-sept ans de travaux, le palais de justice où siège le parlement, est en état de recevoir la compagnie. Le parlement occupe cet édifice jusqu’en 1789.
1664. Création de la Compagnie des Indes Orientales, à l’origine de Lorient.
1665. Enquête de Charles Colbert de Croissy, le frère du ministre (septembre-octobre).
1667. Le tarif douanier renforce, plus encore que celui de 1664, les droits sur les toiles, ce qui pénalise l’industrie textile bretonne.
1668. Réglementation des finances locales et réformation de la noblesse : Jean Meyer évalue à 4 000, le nombre de maisons “ nobles ” en 1696 (20 000 personnes) contre 6 000 en 1668 (30 000 personnes).
1669. Règlement concernant la production toilière.
1672. Début de la guerre de Hollande (1672-1678). Une chambre du domaine royal est instituée à Rennes dans le but de mettre fin aux usurpations des justices seigneuriales et de procurer de nouvelles recettes au Trésor.
1674. Édit ordonnant que tous les actes judiciaires et notariaux soient rédigés sur un papier tarifé aux fleurs de lys (avril) ; édit réservant la vente de tabac au roi (mai) ; édit imposant une marque sur tous les objets en étain ; taxe supplémentaire sur les francs-fiefs. Tous ces édits mécontentent fortement la population.
1675. Emotion populaire à Rennes pour protester contre la multiplication des taxes (3 avril) ; pillage des bureaux de recouvrement des taxes à Rennes (18 avril). Mise à sac des bureaux pour le tabac et l’étain à Nantes (23 avril). Attaque du bureau du papier timbré à Rennes (3 mai). Nouvelles séditions à Rennes (9, 10, 11 juin, 17 juillet). A partir de juin, soulèvement des paysans en Basse Bretagne, notamment dans les pays de Carhaix, de Châteaulin et de Quimper : les “ bonnets rouges ” attaquent de nombreux châteaux et manoirs seigneuriaux ainsi que les bureaux du papier timbré. Le soulèvement atteint son paroxysme en juillet-août. Rédaction d’un “ code paysan ”. Violente répression du duc de Chaulnes, gouverneur (août-septembre). À la tête de six mille hommes, le duc de Chaulnes entre à Rennes le 12 octobre et prononce plusieurs condamnations capitales (pendaison et roue). Le parlement est transféré à Vannes où il reste jusqu’en 1690.
1676. Amnistie générale accordée à la province (5 février). Les troupes d’occupation quittent la Bretagne (mars).
1683. Première mission de Vauban en Bretagne pour le renforcement des défenses littorales.
1688-1697. Guerre de la Ligue d’Augsbourg.
1688. La création de la milice provoque un vif mécontentement des communautés paysannes.
1689. Installation d’un intendant en Bretagne (18 février) : Auguste-Robert de Pomereu. Cette installation est la conséquence directe de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), car la Bretagne est une province frontière, directement menacée par l’Angleterre, l’Espagne et les Provinces-Unies. L’installation de Pomereu est accompagnée de la nomination d’un commandant en chef, le maréchal d’Estrées, adjoint direct du gouverneur pour les questions militaires.
1692. Louis Béchameil de Nointel est nommé intendant de Bretagne. Il déploie son activité dans cinq secteurs principaux : mobilisation contre les Anglais, poursuite de la réformation de la noblesse, contrôle des administrations municipales, mise en place des subdélégués, mise en place de la répartition de la perception de la première capitation (1695).
1693. Brûlot anglais contre Saint-Malo (novembre).
1693-1694. Dramatiques crises de subsistances dans le royaume. La Bretagne est moins touchée que d’autres provinces.
1694. Tentative de débarquement anglais sur les plages de Camaret (8 juin). Vauban a coordonné la défense.
1695. Bombardement anglais sur Saint-Malo (juillet). Mise en place de la capitation, impôt général pesant sur tous (société répartie en 22 classes, tenant compte à la fois du rang social et de la fortune présumée), ce qui provoque un vif mécontentement des états, qui n’ont pas été consultés.
1697. Violente opposition des états réunis à Vitré contre la politique fiscale de la monarchie : on demandait aux privilégiés bretons de pérenniser le principe de l’égalité devant l’impôt au moment même où la capitation était (provisoirement) supprimée.
1698. Béchameil de Nointel rédige un Mémoire sur la province de Bretagne à la demande du duc de Beauvillier dans le cadre de l’éducation du duc de Bourgogne.
1701-1714. Guerre de Succession d’Espagne.
1707. Dom Gui Alexandre Lobineau, Histoire de Bretagne, Paris, Veuve Muguet, 2 vol.
1709-1710. La Bretagne est relativement peu touchée par le “ grand hiver ”, sauf le pays nantais. La Bretagne exporte du grain pour secourir des provinces déficitaires.
1710. Mise en place du dixième, nouvel impôt général décidé sans l’accord des états.
Règne du roi Louis XV (1715-1774)
1717. Les états refusent de voter le don gratuit de deux millions de livres exigé par le nouvel intendant, Paul-Esprit Feydeau de Brou. L’assemblée est dissoute par le maréchal de Montesquiou, commandant en chef de la province.
1718. Lors de la réunion des états, la noblesse refuse le renouvellement du droit des entrées (impôt sur les boissons). Le maréchal de Montesquiou lève cependant la taxe, provoquant l’indignation des états, soutenus par le parlement de Rennes. Les nobles les plus revendicatifs forment une association destinée à défendre les privilèges de la province, l’ “ Association patriotique bretonne ”.
1719. Les principaux membres de l’ “ Association patriotique bretonne ” se réunissent régulièrement, notamment au château du marquis de Pontcallec, entre Pontivy et Lorient, et dans le bois de Lanvaux, non loin d’Auray. Le soutien de l’Espagne est sollicité. Emeutes frumentaires durant l’été à Lamballe, Vitré et dans le pays de Guérande. La troupe est envoyée pour réprimer les émeutes. Le 30 octobre, un navire espagnol fait débarquer trois cents soldats dans la presqu’île de Saint-Gildas. Des fuites ont permis de découvrir le complot. Les Espagnols rembarquent rapidement. Pontcallec est arrêté le 28 décembre.
1720. Exécution à Nantes, place du Bouffay, de Pontcallec, et de trois de ses complices (Montlouis, Le Moyne de Talhouet, Du Couedic). Un incendie détruit une partie du centre de Rennes (décembre).
1720-1721. Crise de mortalité affectant de nombreuses régions bretonnes. Il s’agit là du début d’une longue série de crises démographiques qui marque l’ensemble du XVIIIe siècle : 1730-1731, 1740-1743, 1757-1762, 1773-1775, 1779…
1725. Dom Lobineau, Vie des Saints de Bretagne.
1734. Création d’une Commission intermédiaire, qui assure aux états, réunis tous les deux ans, continuité et permanence. Cette commission est dotée de pouvoirs étendus, notamment en matière d’administration (casernement des troupes, “ grands chemins ”) et de finance (perception de la capitation, du dixième…). Un bureau général, composé de neuf membres, trois par ordre, est établi à Rennes. Cette commission a joué un rôle important dans l’administration de la province jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, notamment grâce à un dense réseau de correspondants : ils étaient 117 en 1764. Pierre Hevin, Consultations et observations sur la coutume de Bretagne, Rennes, Guillaume Vatar, 1734.
1741. Grande “ mortalité ” dans de nombreux villages, notamment en Basse-Bretagne.
1746. Dom Pierre-Hyacinthe Morice, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris. Dom Charles Taillandier, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, tome 2, Paris, Delaguette. Trois volumes de preuves s’ajoutent aux deux volumes de l’Histoire.
1749. Etablissement de l’impôt du vingtième : vive protestation des états en 1750 et 1752.
1752. Fondation d’une Académie de marine à Brest. Les Lumières brestoises sont scientifiques, mathématiques et “ techniciennes ”.
1753. Emmanuel-Armand de Vignerot du Plessis de Richelieu, dit le duc d’Aiguillon, est nommé commandant en chef de la province.
1756. Rationalisation de la protection du littoral par la mise en place de compagnies du guet formée par les habitants des paroisses littorales. Création d’un nouveau vingtième : vives remontrances du parlement.
1757. Fondation d’une Société d’agriculture à Rennes. Son existence fut éphémère : dès 1764, ses travaux se relâchent.
1758. Victoire de Saint-Cast remportée sur les Anglais (11 septembre).
1757-1758. Epidémie de typhus à Brest, étendue bientôt à de nombreux villages de Basse-Bretagne.
1760. Le parlement refuse d’enregistrer un édit ordonnant la perception d’un don gratuit sur les villes. Début de l’ “ Affaire de Bretagne ”, marquée par l’alliance entre le parlement et les États contre les décisions, notamment fiscales, de l’État royal.
1761. Louis-François-René de Caradeuc de La Chalotais, procureur général au parlement de Rennes, publie ses Comptes-rendus sur les Constitutions des Jésuites, qui connaissent un immense succès. Il incarne bientôt la défense des “ libertés ” bretonnes face au “ despotisme ” de l’État royal.
1762. Grande hostilité du parlement et des états contre le duc d’Aiguillon
1764. Dans ses remontrances du 1er février, le parlement redouble de critique contre le duc d’Aiguillon. La Chalotais et quatre conseillers sont convoqués à Versailles et réprimandés par le roi. Les états critiquent aussi le commandant de la province et refusent notamment la perception d’un impôt de deux sous pour livre. Le parlement se déclare solidaire des états.
1765. Nouvelle convocation des magistrats rennais à Versailles. Vive admonestation de Louis XV (18, 20 mars). Les parlementaires persistent dans leur refus de se soumettre et décident d’une démission en masse (22 mai). La Chalotais, considéré comme l’âme de l’opposition, est arrêté, ainsi que son fils et trois conseillers, dans la nuit du 10 au 11 novembre. Une commission extraordinaire, composée de trois conseillers d’État et de douze maîtres de requêtes, est chargée de remplacer le parlement (16 novembre), bientôt appelée, par dérision, “ le bailliage d’Aiguillon ”.
1766. La Chalotais, en multipliant des mémoires, largement diffusés, créée un puissant mouvement d’opinion en sa faveur. Le roi décide, en décembre, de “ ne donner aucune suite à la procédure ” engagée contre La Chalotais. La Chalotais et son fils sont envoyés en exil à Saintes, où ils resteront, par ordre du monarque, jusqu’à la mort de Louis XV.
1768. Démission du duc d’Aiguillon (août). Il est remplacé par le duc de Duras.
1770. Nouvelle crise étendue à tout le royaume, marquée par une “ insurrection générale ” des parlements.
1771. Réforme radicale du chancelier Maupeou : le parlement de Rennes, comme tous les autres parlements du royaume dissous, est remplacé par une cour de quarante membres nommés et rétribués par le roi.
Règne du roi Louis XVI (1774-1792)
1774. Le rétablissement de l’ancien parlement favorise le retour d’une opposition nobiliaire plus audacieuse et plus exigeante encore.
1776. Querelles entre le tiers et la noblesse, notamment à propos de la répartition de la capitation, des octrois municipaux, du partage des communaux.
1779. Nouvelle épidémie de typhus à partir de Brest.
1783-1785. Trois années consécutives de mauvaises récoltes.
1784. Parution des Affiches de Rennes, le premier hebdomadaire breton.
1788. La réforme judiciaire de Lamoignon, crée en Bretagne trois grands bailliages, à Rennes, Nantes et Quimper, destinés à recevoir en dernier ressort de nombreuses causes. Une grande partie de l’opinion soutient la cause du parlement lésé. Une délégation des états part à Versailles pour porter à Louis XVI une protestation solennelle (juin). Les 12 membres de la délégation sont enfermés à la Bastille Le pouvoir royal finit par céder : libération des prisonniers, réforme Lamoignon suspendue (juilllet). L’annonce de la convocation des états généraux provoque une vive agitation en Bretagne. Une “ guerre des brochures ” accompagne la réunion des états de la province (automne) exacerbant les oppositions entre la noblesse et le tiers. Les états s’ouvrent dans un contexte de grande effervescence revendicative (décembre). Parution de La Sentinelle du Peuple aux gens de toutes professions, sciences, arts, commerce et métiers composant le tiers état de la province de Bretagne de Volnay (octobre). Parution du Héraut de la Nation, de Mangourit, journal des “ patriotes rennais ”.
1789. Ajournement par le roi des états réunis à Rennes (janvier). Journées des “ bricoles ” à Rennes entre la noblesse et les “ patriotes ” : trois morts et soixante blessés (26-27 janvier). Radicalité politique exprimée dans de nombreux cahiers de revendications rédigés par les paroisses. Assemblées de paroisses pour la rédaction des cahiers de doléances et l’élection de députés (29 mars, 5 avril).
La Révolution et l’Empire
1789. À Versailles, les députés bretons, notamment Le Chapelier et Lanjuinais, jouent un rôle actif dans le cadre du “ Club breton ” qu’ils ont créé, se distinguant par le radicalisme de leurs interventions. Le Club breton est à l’origine des décisions de la Nuit du 4 août. La Bretagne est peu touchée par la Grande Peur ; c’est le problème des grains qui domine les préoccupations populaires. Appel contrerévolutionnaire lancé par l’évêque de Tréguier, Augustin Le Mintier de Saint-André (septembre). Emeute à Lannion où des ouvriers et artisans arrêtent un convoi de grains destinés à Brest (octobre). Suppression du parlement et des états de Bretagne (novembre).
1790. Serment de 150 “ jeunes citoyens ” de Bretagne et d’Anjou à Pontivy (15 janvier). Création de gardes nationales dans les villes et de nombreux villages. Agitation rurale, notamment parce que le domaine congéable n’a pas été aboli. Vote de la Constitution civile du clergé (12 juillet) aussitôt rejetée par la plupart des évêques et critiquée par de nombreux recteurs.
1791. Serment de fidélité à la Constitution imposée aux prêtres (janvier). Refus massif des curés bretons. Deux camps, jureurs et non jureurs, se trouvent ainsi opposés frontalement. Les curés imposés sont très mal accueillis dans les paroisses.
1792. Tout au long de l’année, les positions se radicalisent et la position des “ jureurs ” devient un peu partout intenable. “ Conjuration de Bretagne ” menée par le marquis de La Rouërie (printemps). La guerre éclate en avril. Le 22 juin, une Lettre circulaire des citoyens de Brest à leurs frères de 83 départements proclame “ La Patrie en danger ”. Constitution d’une “ division du Finistère ” formée de 154 “ Fédérés ”, dont 97 viennent de Brest. Ils entrent à Paris le 25 juillet et participent à la journée du 10 août, maquée par la prise des Tuileries. Fin de la monarchie. Emeute à Nantes à cause de la cherté du pain (septembre). Le Finistère envoie plusieurs centaines de gardes nationaux à Paris pour protéger la Convention des “ factieux ” (décembre). La suppression du domaine congéable, dans l’été 1792, a contribué à apaiser les tensions, notamment dans les Côtes-du-Nord et le Finistère (mais le domaine congéable sera rétabli par la loi du 9 brumaire an VI).
1793. Exécution du roi (21 janvier). Levée de 300 000 hommes (24 février). Soulèvement de nombreux villages contre la levée en masse, notamment en Haute Bretagne, de Savenay à Saint-Brieuc, mais aussi dans le Léon (mars). Les soulèvements sont réprimés par les gardes nationaux soutenus par des renforts (mars-avril). L’arrestation des conventionnels Girondins, le 31 mai, fait basculer une grande partie de la Bretagne dans la rébellion ouverte contre la Montagne. La Bretagne participe à la révolte dite “ fédéraliste ” de l’été 1793. Echec des fédérés normands et bretons à Pacy-sur-Eure le 13 juillet. Cet échec marque le début d’une répression violente : de multiples représentants en mission “ régénèrent ” administrations et sociétés populaires et appliquent la Terreur en Bretagne. Le passage des Vendéens au nord de la Loire, dans la seconde quinzaine d’octobre, entraîne la reprise des combats. Les rapports officiels commencent à parler des actions des “ chouans ”. Les Chouans menacent Rennes à trois reprises. Aggravation de la politique de terreur menée par les représentants en mission. Jean-Baptiste Carrier s’illustre particulièrement à Nantes, ordonnant des noyades collectives dans la Loire (octobre 1793-janvier 1794).
1794. Multiples bandes de chouans dans les campagnes. Le comte de Puisaye tente de fédérer le mouvement. Exécution de Robespierre (juillet). Les patriotes modérés choisissent de négocier avec les chouans. Le 1er décembre, Carnot fait voter par la Convention un décret qui accorde l’amnistie pleine et entière à tous les rebelles qui se soumettront dans un délai d’un mois.
1795. Paix de Mabilais (21 avril) : elle assure la liberté des cultes et laisse en paix, chez eux, les insoumis, en échange de la reddition des chouans. La loi du 8 floréal an III (27 avril) accorde aux anciens insurgés une pleine amnistie. Mais nombre de chouans poursuivent le combat. Une flotte anglaise débarque plusieurs milliers d’hommes à Carnac (juin). Hoche s’empare d’Auray et refoule le corps expéditionnaire dans la presqu’île de Quiberon, transformée en piège : 8 000 hommes sont capturés, 748 émigrés sont exécutés (juillet). La guerilla continue. Le chef chouan le plus actif est Cadoudal.
1796. Charrette arrêté est fusillé à Nantes (29 mars). La politique de tolérance porte ses fruits : en mai-juin, la plupart des bandes chouannes déposent les armes. Les prêtres réfractaires sont autorisés à officier en public.
1797. Lors des élections de germinal an V (avril), les royalistes modérés l’emportent, ce qui provoque une vive inquiétude des patriotes et un durcissement politique : les élections sont cassées dans 49 départements, notamment ceux de l’Ouest (4 septembre). La loi du 19 fructidor (5 septembre) condamne à la déportation les prêtres réfractaires. Le “ chouannage ” reprend.
1798. La situation s’enlise. Les départements de l’ouest sont exemptés de la loi Jourdan instaurant le service militaire obligatoire pour tous les jeunes Français (12 juin).
1799. Durant l’été, la guerre oblige le Directoire à lever des conscrits dans les départements de l’Ouest. La “ guerre chouanne ” reprend : des expéditions sont menées notamment à Nantes et Saint-Brieuc (octobre). Mais la lassitude l’emporte. Coup d’état de Bonaparte le 18 Brumaire (9 novembre). Le régime consulaire entreprend une politique de pacification : liberté religieuse, suspension des levées d’hommes, soumission immédiate des insurgés. Jacques Cambry, Voyage dans le Finistère ou état de ce département en 1794 et 1795 (publié à Brest).
1800. Traquées, la plupart des bandes chouannes capitulent. Cadoudal dépose les armes. La paix est signée au château de Beauregard près de Vannes (14 février). Le 2 mars, le Premier Consul accorde une amnistie générale. Attentat contre Bonaparte, rue Saint-Nicaise (24 décembre) : l’organisateur est Saint-Régent, un lieutenant de Cadoudal.
1801. Le Concordat signé avec Pie VII ( 16 juilllet) consacre la victoire du catholicisme romain et donc des prêtres réfractaires.
1802. Chateaubriand, Le Génie du christianisme.
1803. Cadoudal continue à comploter en vue du “ plan essentiel ” : enlever le Premier Consul.
1804. Cadoudal est arrêté (9 mars) puis exécuté place de Grève (25 juin). Proclamation de l’Empire (18 mai). Plébiscite sur l’établissement de l’Empire : dans les cinq départements bretons, où les abstentions ont été nombreuses, il n’y eut que 35 votes négatifs.
1805. Fondation à Paris de l’Académie celtique.
1806. Début du creusement du canal de Nantes à Brest.
1807. Jean-François Le Gonidec, Grammaire celto-bretonne.
1808. Jean et Félicité de Lamennais dans leurs Réflexions sur l’état de l’Eglise de France pendant le dix-huitième siècle et sur sa situation actuelle, publié sans nom d’auteur, condamnent la politique de Napoléon à l’égard de la papauté.
La Restauration (1815-1830)
1815. Lors des Cent Jours (mars-juillet), une “ petite chouannerie ” se constitue dans le Morbihan, et la Loire Inférieure. La Restauration monarchique amplifie la “ réaction royaliste ”. Epuration des préfectures et des administrations. Aux élections d’août, les “ bleus ” atteignent 20 % de voix. Mais les ultras dominent. Louis de Lorgeril crée le premier comice agricole de Bretagne à Plesder (Ille-et-Vilaine). Abbé Gervais de La Rue, Recherches sur les ouvrages des Bardes de la Bretagne armoricaine.
1817-1818. Crise frumentaire, notamment en Basse Bretagne. Hugues-Félicité Robert de Lamennais, Essai sur l’indifférence en matière de religion (1817).
1819. Résistance anticléricale à Brest lors d’une mission (octobre).
1820. Gabriel Deshayes et Jean-Marie de Lamennais fondent les Frères de l’Instruction chrétienne.
1821. Jean-François Le Gonidec, Dictionnaire celto-breton.
1822. Création des “ Forges de Basse Indre ”. Joseph-Pierre Colin, confiseur à Nantes, crée une conserverie industrielle.
1823. Premier numéro du Lycée armoricain : “ Levez-vous à ma voix, enfants de l’Armorique ! Rassemblez les débris de votre gloire antique… ”. Aymar de Blois de la Calande, L’héritière de Kéroulas, romance bretonne du XVIe siècle.
1825. Les deux frères Lamennais forment à Saint-Méen une association qui devient bientôt la Congrégation de Saint-Pierre.
1826. Le chanoine Mahé crée à Vannes la Société polymatique, qui privilégie l’étude et la sauvegarde des monuments “ druidiques ”.
La Monarchie de Juillet (1830-1848)
1829-1833. Une crise frumentaire affecte de nombreuses régions de Bretagne. Crise de choléra dans le Finistère.
1830. Lors des journées de juillet 1830, quelques mouvements sociaux ont lieu à Nantes. Jules Rieffel fonde une société pour mettre en valeur le domaine de Grand-Jouan près de Nantes.
1831-1832. Equipée de la duchesse de Berry en Vendée. Elle est arrêtée à Nantes (novembre 1832).
1832. Condamnation de Lamennais par le pape.
1833. Création à Rennes de la Revue de Bretagne Lois Guizot sur l’enseignement primaire : création d’écoles normales pour la formation des instituteurs.
1834. Félicité de Lamennais, Paroles d’un croyant.
1835. Lois de septembre : réduction de la liberté de la presse.
1836. Loi obligeant les communes à se doter de chemins vicinaux.
1838. Inauguration du pont de La Roche Bernard traversant la Vilaine.
1839. Chanoine Garaby, Vie des bienheureux saints de Bretagne. Théodore Hersart de La Villemarqué, le Barzaz Breiz. Chants populaires de la Bretagne.
1840. Jules Rieffel lance l’Agriculture de l’Ouest de la France, revue trimestrielle. Aurélien de Courson, Essai sur l’histoire, la langue et les institutions de la Bretagne armoricaine.
1841. Fondation de l’Alliance bretonne, union de grands propriétaires pour promouvoir le progrès agricole.
1842. Premier numéro du Laboureur breton. Achèvement du canal de Nantes à Brest.
1843. Fondation de l’Association bretonne par Jules Rieffel pour développer les innovations agricoles.
1844. Crise du mildiou affectant la pomme de terre, notamment dans le Finistère. Monseigneur Graveran lance une édition bretonne des Annales de la Propagation de la foi (Lizeriou Breuriez ar Feiz).
1845. Création de la Société linière du Finistère à Landerneau. Naissance de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine.
1846. Fondation des Forges et Usines de Basse Loire à Indret.
1847. Arrivée du chemin de fer à Nantes. Très mauvaise récolte, entraîne une grave crise de subsistances et des émeutes contre la cherté.
La Seconde République (1848-1851)
1848. Dans l’ensemble, la Bretagne se montre favorable à la République. La question des ateliers nationaux provoque des émeutes à Nantes. Manifestation à l’arsenal de Lorient (mars) puis de Brest (avril). Aux élections du mois d’avril, sur 70 élus bretons, 42 se situent à droite, 28 sont républicains (dont 12 dans les Côtes-du-Nord). Journées de juin à Paris. Lors des élections présidentielles de décembre, Louis Napoléon Bonaparte l’emporte en Bretagne (avec 53, 4 % des voix, contre 74,2 % en France). Le général Cavaignac a obtenu 43 % (contre 19,4 % sur le plan national).
1849. Lors des élections législatives de mai, les candidats de droite l’emportent largement. Au fil des votes, l’opinion catholique et légitimiste prédomine en Bretagne.
1851. Arrivée du chemin de fer à Nantes. Coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte : de nombreux députés bretons, en majorité légitimistes, s’y sont opposés. Mais le coup d’État ne suscite guère d’opposition en Bretagne. Lors du plébiscite des 20 et 21 décembre, Louis Napoléon Bonaparte obtient un Oui massif : de 91 % (Loire Inférieure) à 97 % (Côtes-du-Nord).
Le Second Empire (1852-1870)
1852. Lors du plébiscite du 21 novembre ratifiant le rétablissement de la dignité impériale, la Bretagne vote Oui à 97, 8 %.
1854. “ L’œuvre des servantes des pauvres ” (Petites sœurs des pauvres) fondée par Jean Jugan est reconnue congrégation religieuse par l’évêque de Rennes.
1855. Lancement à Brest de La Bretagne, vaisseau entièrement à vapeur. Grèves à Nantes puis à Rennes provoquées par la dégradation de la condition ouvirère.
1856. Calvaire de Pontchâteau.
1857. Premier bassin de Saint-Nazaire. Le rail arrive à Rennes.
1858. Visite de Napoléon III en Bretagne (9 au 20 août). Villemarqué entre à l’Institut de France.
1859. Le tableau d’Eugène Boudin, Le pardon de Sainte-Anne, est particulièrement remarqué au Salon. Meyerbeer, Le Pardon de Ploërmel.
1860. Création des Forges d’Hennebont.
1862. Le rail arrive à Vannes et Lorient.
1863. Lors des élections, l’opposition réussit à faire élire deux députés : le républicain Glais-Bizoin à Saint-Brieuc et l’orléaniste Lanjuinais à Nantes. Le rail à Quimper. Œuvre des Bretons de Paris, institution caritative créée par les pères Rivalain et Toulemont. Publication de Sainte Tryphine et le roi Arthur, mystère breton en deux journées et huit actes, traduit, publié et précédé d’une introduction par F.-M. Luzel, texte revu et corrigé d’après d’anciens manuscrits par M. l’abbé Henry, Quimperlé, 1863. Cette publication est un événement important dans l’histoire du théâtre breton.
1864. Le rail à Brest.
1865. Brest, tête de ligne des transatlantiques à destination des Etats-Unis (jusqu’en 1873). Fermeture des forges de Paimpont. Léonce de Roumais, Les Parisiens en Bretagne, promenade dans le département de l’Ille-et-Vilaine (un des premiers “ guides et itinéraires ”).
1867. La jonction Landerneau-Châteaulin permet de faire le tour de la Bretagne en chemin de fer.
1868. Fin de l’exploitation des mines de Poullaouen et de Huelgoat.
1869. Lors des élections au Corps législatif (mai-juin), la Bretagne élit cinq candidats d’opposition.
1870. Lors du plébiscite du 8 mai, le Oui l’emporte largement : 90, 6 %. La déclaration de guerre de l’empire à la Prusse rencontre apparemment l’adhésion des Bretons.
Troisième République (1870-1940)
1870. Proclamation de la République dans une France envahie par les armées prussiennes. Nombre de Bretons participèrent à la constitution de la nouvelle équipe dirigeante. Agitation à l’arsenal de Brest (septembre-octobre). Gambetta accorde la formation d’une “ armée de Bretagne ”. Elle stationne, inactive, trois mois durant, sur le plateau de Conlie près du Mans, dans une situation sanitaire catastrophique.
1871. Elections pour désigner les membres de l’Assemblée nationale. La Bretagne élit en majorité des listes de droite (8 février). Commune parisienne (mars-mai) : la Bretagne ne bouge pas.
1872. Des milliers de déportés de la Commune transitent par la Bretagne pour la Nouvelle Calédonie ou l’Algérie. Louis Hémon fonde Le Finistère, “ journal politique ” afin de “ faire pénétrer et progresser l’idée républicaine dans un milieu rural longtemps réfractaire ”.
1872-1874. Epidémie de typhus dans les arrondissements de Brest, Quimper, Morlaix.
1872. François-Marie Luzel, De l’authenticité des chants du Barzaz-Breiz de M. de La Villemarqué.
1876. Les élections révèlent la montée des idées républicaines, mais la majorité reste à droite.
1877. La droite regagne du terrain lors des élections des 14 et 28 octobre. Consécration de la nouvelle basilique de Sainte-Anne-d’Auray. Première assiette à sujet “ breton ” des faïenceries de Quimper.
1880. Paul Sébillot, Contes populaires de la Haute Bretagne.
1881. Aux élections législatives, pour la première fois, les républicains l’emportent (22 sièges) sur les convervateurs (19 sièges). Création des chantiers de la Loire et des chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire où s’ouvre le 2e bassin à flot.
1884. Joseph Loth crée une chaire de celtique à l’Université de Rennes.
1885. La Bretagne de nouveau rebascule à droite, en raison, notamment de la politique laïque de Jules Ferry.
1886-1888. L’aventure boulangiste recueille quelques échos en Bretagne.
1887. La Grande troménie de Locronan attire de nombreux fidèles.
1889. Premiers candidats radicaux élus dans les villes. Fondation du Parnasse breton contemporain par le poète rennais Louis Tiercelin.
1892. L’encyclique de Léon XIII Inter sollicitudines (“ Au milieu des sollicitudes ”) exhortant les catholiques à accepter la République se traduit par l’effondrement des monarchistes aux élections de 1893.
1893. Anatole Le Braz, La Légende de la mort.
1894. Association catholique des Bretons à Paris, créée par un groupe de laïcs appartenant à la haute noblesse bretonne. Elle devient en 1895, “ La Bretagne, société de secours aux familles indigentes des Bretons résidant à Paris ”.
1895. Grèves dans les conserveries de Douarnenez pour demander des augmentations de salaire.
1896. Création à Douarnenez de la Chambre syndicale des ouvriers-ferblantiers-boîtiers. Fondation à Chantenay de la Fédération des ouvriers ferblantiers boîtiers de France. Grèves dans les centres sardiniers (Finistère, Morbihan).
1897. L’abbé François Cadic crée à Paris la Paroisse bretonne.
1898. Fondation de l’Union Régionaliste bretonne, dirigée par le marquis de l’Estourbillon.
1899. Le procès en révision de Dreyfus se déroule à Rennes. Agressions contre l’universitaire juif Victor Basch. Fondation de l’Ouest-Eclair. Parution du premier volume de l’Histoire de la Bretagne dirigée par Arthur Le Moyne de La Borderie (1899-1906).
1900.Création à Nantes de la Fédération socialiste de Bretagne (mars).
1901. Réédition de la Vie des saints d’Albert le Grand.
1902-1905. La politique anticléricale du ministère Combes provoque de nombreux remous en Bretagne.
1902. Nombreux incidents à l’occasion des expulsions de congréganistes. Raréfaction de la sardine : crise dans tous les centres sardiniers du littoral sud.
1903. À Tréguier, l’inauguration d’une statue élevée en hommage à Ernest Renan provoque une violente manifestation.
1904. Les socialistes s’emparent du pouvoir municipal à Brest.
1905. Première fête du Bleun-brug à Saint-Vougay (près de Landivisiau dans le Finistère), à l’origine d’un mouvement culturel qui durera jusqu’aux années 1970. Bécassine apparaît dans le premier numéro de La Semaine de Suzette (2 février).
1906. Création de l’Office central des Associations agricoles de Landerneau. En 1939, l’Office regroupera 569 syndicats locaux et 45 000 membres.
1907. Nouvelle crise dans les centres sardiniers du littoral sud.
1910. Vingt députés radicaux bretons siègent à la Chambre des députés. À Brest, Emile Goude est le premier et le seul député socialiste breton.
1911. Fermeture de la seule mine de charbon bretonne à Montrelais (Loire Inférieure).
1913. Emile Masson fait paraître la revue Brug/Bruyères, qui tente de concilier internationalise prolétarien et revendication bretonne.
La Grande Guerre (1914-1918)
1914. La mobilisation a été accueillie sans enthousiasme et sans révolte
1916. La guerre sous-marine (septembre) place la Bretagne au cœur de la guerre. Grèves aux chantiers de la Loire à Saint-Nazaire.
1917. Multiplication des grèves : dans les arsenaux de Rennes et de Brest, dans la poudrerie de Pont-de-Buis, dans les conserveries d’Audierne. Au cours de l’été, des incidents éclatent lors du départ des trains de permissionnaires. Brest voit l’arrivée des premiers convois en provenance des Etats-Unis.
1918. 772 000 Américains débarquent à Brest. La guerre se solde par la mort de 150 000 “ poilus ” bretons. Maurice Marchal, Henri Prado et Joseph de Roincé fondent le Groupe régionaliste breton.
L’entre deux guerres (1918-1939)
1919. Premier numéro de Breiz Atao ! (Bretagne toujours !), “ organe mensuel du Groupe régionaliste breton ”.
1920. Henri Mancel fonde l’Union de la Mée, syndicat paysan.
1924. Le Cartel des gauches qui rassemble électoralement radicaux et socialistes sur le thème de la laïcité et l’application stricte des lois de 1903-1905 provoque une poussée à droite.
1925. Parution de Gwalarn, supplément littéraire de Breiz Atao, sous la direction de Roparz Hémon. Gwalarn devient une revue indépendante en 1926.
1926. Henri Mancel fonde la Fédération des Syndicats paysans de l’Ouest, qui défend les intérêts des “ cultivateurs cultivants ”. Devient la Ligue des paysans de l’Ouest en 1927.
1927. Inauguration du monument aux morts conçu par René Quillivic dédié aux marins disparus pendant la Grande Guerre à la pointe Saint-Mathieu. Fondation du Parti autonomiste breton (PAB) lors d’un congrès à Rosporden. Ce parti est dirigé par Frances Debeauvais et Olier Mordrel.
1929. Henri Dorgères crée des “ Comités de défense paysanne ” pour combattre la loi sur les assurances sociales obligatoires pour les ouvriers agricoles. Ces comités se multiplient dans l’Ouest tout au long des années 1930.
1931. Le décret Gilmour, qui interdit l’importation de légumes par la Grande-Bretagne, provoque une crise chez les primeuristes de la côte septentrionale. Scission au sein du PAB : Morvan Marchal et Goulven Mazéas fondent la LFB, Ligue fédéraliste de Bretagne.
1932. Surproduction et baisse des prix agricoles. Fermeture des forges de Trignac. Faillite de la Compagnie générale transatlantique. Destruction à Rennes par explosifs du monument qui rappelait l’union de la Bretagne à la France devant l’hôtel de ville (nuit du 6 au 7 août). La voie ferrée est sabotée à Ingrandes (20 novembre). Ces deux attentats sont revendiqués par la société secrète Gwenn ha Du (“ Blanc et noir ”) animée notamment par Célestin Lainé. Parution de la revue Ar Falz (La Faucille) sous la direction de Yann Sohier, qui incarne la sensibilité de gauche du mouvement breton.
1933. Les ventes-saisies se multiplient dans les campagnes. Dorgères, Hervé Budes de Guébriant et l’Office de Landerneau, appuyés par l’Eglise catholique et les élus de droite organisent une grande manifestation à Quimper, qui rassemble 10 000 personnes (29 janvier). “ Marche de la faim ” des ouvriers de Saint-Nazaire (juin).
1934. Manifestations paysannes contre la mévente de leurs produits (Rennes, octobre). Parution de la revue Stur (Le gouvernail), animée par Olier Mordrel, qui affiche une propagande ouvertement raciste et fasciste.
1935. Manifestations contre les décrets-lois de Laval (juillet-août). Dorgères met sur pied les Jeunesses paysannes, encore appelées Chemises vertes, qui tiennent leur premier congrès à Bannalec.
1936. L’élection de mai, marquée par la victoire du Front populaire, se traduit en Bretagne par une nette victoire des conservateurs. Les grèves sont peu nombreuses en Bretagne, à l’exception de la Basse-Loire.
1938. Campagne de “ barbouillages ” décidée par le mouvement nationaliste breton. Arrestation des “ barbouilleurs ”. Procès à Rennes (juin) : Célestin Lainé est condamné à trois mois de prison ferme. Debauvais, en fuite, se livre à la police : deux procès successifs ont lieu (novembre, décembre), qui le condamnent à un an de prison ferme.
1939. Un demi-million de touristes en Bretagne pendant l’été.
La Seconde guerre mondiale (1939-1945)
1939. Pendant la “ drôle de guerre ”, arrivée de plusieurs centaines de milliers de déplacés dans les départements bretons.
1940. après la percée du front français à Sedan, le 14 mai, l’avance des armées allemandes est foudroyante : entrée à Brest le 19 juin. La presque totalité des hommes valides de l’île de Sein (130 personnes) gagne les rivages anglais de la Manche. 137 000 prisonniers bretons sont transférés dans les oflags et stalags en Allemagne. “ La Bretagne, pierre angulaire de la garde atlantique ” : rapport de Werner Best (juillet). Réunion des autonomistes les plus durs à Pontivy : présentation d’un programme de gouvernement breton (3 juillet). Monseigneur Duparc, évêque de Quimper, met en garde ses fidèles “ contre la campagne de séparatisme breton ” (juillet). Marcel Brossier, premier fusillé en Ille-et-Vilaine (17 septembre). Imposition des premières restrictions alimentaires (septembre). Après l’entrevue de Montoire (24 octobre), l’Allemagne préfère la collaboration de Vichy au soutien aux autonomistes bretons. Raymond Delaporte, modéré, prend la tête du PNB. En novembre, le breton fait son entrée sur les ondes de Rennes-Bretagne, poste dépendant directement des autorités allemandes.
1941. Création de la fonction de préfet régional (19 avril). Création des régions d’Orléans, de Rennes, d’Angers et de Poitiers. Nantes et la Loire-Inférieure se trouvent rattachés administrativement à Angers et sont séparés du reste de la Bretagne (décret du 30 juin 1941). Dans de nombreux rapports, les préfets se désolent du peu d’effet de la propagande vichyssoise. De nombreux réseaux de résistance communiste sont démantelés par les troupes d’occupation. Exécution de 27 otages après l’exécution du lieutenant-colonel Hotz à Nantes (octobre).
1942. Retour au pouvoir de Pierre Laval (avril). Laval lance la Relève, échange de travailleurs contre des prisonniers. Raids aériens sur Brest et Saint-Nazaire. Sabotages multiples organisés par la Résistance, qui entraînent un durcissement des représailles. Scission de plus en plus nette entre la population et les autorités allemandes.
1943. Le STO réquisitionne pour l’Allemagne tous les hommes nés entre 1920 et 1922. L’opposition est très forte en Bretagne ; les opérations de recensement donnent lieu à des incidents. Les paysans soutiennent de nombreux réfractaires. La résistance se structure en mouvements organisés. Exécution, sans doute par un résistant communiste, de l’abbé Jean-Marie Perrot, recteur de Scrignac, accusé de compromission avec l’occupant. Célestin Lainé fonde le Bezen Perrot, qui comporte moins d’une centaine de membres.
1944. Dans l’attente du débarquement, un climat pré-insurrectionnel est créé par la Résistance. Véritable bataille entre Résistants et forces allemandes à Saint-Marcel (Morbihan), le 18 juin. La percée d’Avranches (1er août) permet la reprise de l’offensive américaine. Départ du dernier train de déportation de Rennes le 3 août. Le général de Gaulle entre à Rennes le 20 août. Brest est libérée le 18 septembre. Les mois d’août et septembre sont marqués par une “ épuration de voisinage ” (Luc Capdevila) menée par les FFI qui disent incarner la loi nouvelle. Nombreuses “ tontes ” dans les villes et les villages. Il y aurait eu 581 personnes tuées, victimes d’exécutions sommaires. La reprise en main “ légale ” fut rapide : à la fin de l’année, la plupart des FFI était encasernés.
1945. Capitulation de Berlin (8 mai) ; les Américains entrent à Lorient (10 mai). Le retour des prisonniers et des déportés a été accompagné d’une reprise de la violence. Elections municipales (avril-mai) : consécration des forces issues de la Libération et glissement du corps électoral à gauche (SFIO, parti communiste). Les élections cantonales de septembre confirment cette tendance.
La Quatrième République (1946-1958)
1946. Démission du général de Gaulle (20 janvier). Au référendum organisé en mai pour l’adoption de la nouvelle constitution le non l’emporte : 61 % pour la Bretagne (52 % pour la France). Chômage, pénurie, rationnement.
1947. Rationnement et inflation entrainent un vif mécontentement : multiples grèves (printemps, automne). Joseph Martray, Le problème breton et la réforme de la France, vibrant pamphlet contre le déclin économique de la Bretagne.
1948. Grève de la fonction publique (septembre).
1949. Le pouvoir d’achat commence à remonter. Le rationnement est moins contraignant. Premières coopératives laitières.
1950. Joseph Martray oeuvre à la création du C.E.L.I.B. (Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons). Pierre-Jakez Hélias contribue à la création du Festival de Cornouaille à Quimper.
1951. René Pleven devient président du C.E.L.I.B. Création d’une usine Citroën à Rennes. La loi Deixonne autorise l’enseignement du breton dans le secondaire comme matière facultative.
1953. Grèves (août) à la suite des décrets-loi de Laniel. Installation de l’usine Thomson-CSF à Brest. Le C.E.L.I.B. présente un “ Plan breton ” mettant en avant les investissements utiles à la Bretagne.
1954. Le deuxième Plan français de modernisation et d’équipement reconnaît “ la nécessité d’activités complémentaires dans certaines régions agricoles à forte densité humaine comme la Bretagne… ”.
1956. Amélioration sensible des conditions de vie. Premier plan d’action régionale concernant les départements bretons (juillet).
1957. Mévente du chou-fleur, première mobilisation des producteurs (mars).
La Cinquième République (depuis 1958)
1958. Crise sur le marché de l’artichaut, grève de coupes (juin). Fondation du comité de l’artichaut. Alexis Gourvennec en est élu président (27 décembre).
1959. Premier disque de harpe en solo d’Alan Stivell, Musique gaélique.
1960. “ Bataille de l’artichaut ” (mai-juin). Vote de la loi d’orientation agricole (5 août). Création du Syndicat indépendant des primeuristes (18 novembre). Les producteurs décident de prendre en main l’organisation de leur marché (29 novembre, au Rialto, à Morlaix). Implantation à Lannion d’une unité décentralisée du CNET (Centre national d’études des télé-communications).
1961. Ouverture du marché au cadran ; boycott des négociants (24 mars). Prise de la sous-préfecture de Morlaix (8 juin). Procès de Marcel Léon et d’Alexis Gourvennec (22 juin). Dix-mille personnes manifestent à Quimper pour obtenir une loi-programme garantissant annuellement les investissements de l’État en Bretagne. Le gouvernement publie une série de décrets qui répondent en partie aux attentes des agriculteurs en colère.
1962. Citroën ouvre une usine de montage à Chartres-de-Bretagne (6 000 salariés). Installation du Joint Français à Saint-Brieuc. Mobilisation contre la réforme tarifaire qui pénalise les transports en Bretagne. Un accord est obtenu.
1965. Voie ferrée électrifiée jusqu’à Rennes. Fin de la reconstruction de l’abbaye de Landévennec (juillet). Premier disque de Glenmor.
1966. Fermeture définitive des forges d’Hennebont. Manifestations des aviculteurs.
1967. Manifestations paysannes contre la PAC (Politique agricole commune).
1968. Les “ événements ” sont marqués par de nombreuses revendications régionales : “ L’Ouest veut vivre ! ”.
1969. Premiers spectacles associant Alan Stivell, Glenmor, Gilles Servat.
1970. Morvan Lebesque, Comment peut-on être breton ? Essai sur la démocratie française.
1971. Alan Stivell, Renaissance de la harpe celtique.
1972. Grève du Joint Français à Saint-Brieuc. Cette grève provoque un immense mouvement de solidarité. Création de l’association Dastum (“ Recueillir ”) qui a pour but la collecte de la toute la tradition orale bretonne.
1973. Pierre-Jakez Hélias, Le Cheval d’orgueil. Immense succès : plus de 1 200 000 exemplaires vendus ; traduction en plus de vingt langues.
1974. Le FLB multiplie les attentats (12 en 1974, 21 en 1975).
1977. L’association Diwan ouvre une première école maternelle bretonnante à Plourin-Ploudalmézeau. Une autre maternelle s’ouvre à Quimper en septembre. En 1980, on en comptera treize.
1978. Naufrage de l’Amoco Cadiz (16 mars) : plus de 400 km de côtes souillées. Début de résistance à l’implantation d’un site nucléaire à Plogoff (Finistère). Une aile du château de Versailles est endommagée par le plastic posé par quelques “ durs ” de l’emsav. Valéry Giscard d’Estaing octroie une “ charte culturelle ” à la Bretagne pour aider au redressement de sa culture.
1981. La gauche envoie 19 parlementaires bretons pour siéger à l’Assemblée nationale.
1983. Manifestations paysannes contre la politique agricole du Marché Commun (notamment les quotas laitiers). Attentats contre les symboles de “ l’État français ” : gendarmeries, perceptions, cité judiciaire de Rennes…
1984. Multiples manifestations agricoles, notamment contre les montants compensatoires. Un règlement intervient, qui apaise le mouvement.
1985. Introduction du CAPES de breton.
1986. Le conseil général des Côtes d’Armor adopte le principe d’une signalisation bilingue (le Finistère adopte peu après la même décision).
1993. Crise dans le secteur de la pêche (effondrement des cours). Une association est lancée par un certain nombre d’entreprises pour promouvoir, par la marque “ Bretagne ”, les produits bretons.
1994. Poursuite du mouvement des marins pêcheurs : violents affrontements à Rennes le 4 février. Incendie du bâtiment du parlement de Bretagne.
1995. Création de l’association “ Produit en Bretagne ”.
1999. Naufrage de l’Erika au large de Penmarc’h (décembre) : nouvelle marée noire.
2000. Attentat contre le MacDonald’s de Quévert (Côtes d’Armor) : une jeune employée est tuée par l’explosion de la bombe (19 avril). Création de la première chaîne de télévision privée à émettre par voie satellitaire : TV Breizh, émanation de TF1. Mais la chaîne ne rencontre pas assez de télespectateurs pour asseoir sa crédibilité : peu à peu, elle réduit sa bretonnité affichée pour se transformer en chaîne généraliste.
2002. Aux élections présidentielles, la gauche est plus forte en Bretagne qu’en moyenne française : 4 points d’écart, soit environ 10 % de plus.
2004. Les élections régionales et européennes confirment l’inflexion à gauche de l’électorat breton : lors des élections régionales du 28 mars, le PS, emmené par Jean-Yves le Drian et ses alliés (communistes, radicaux, verts, autonomistes de l’Union démocratique bretonne), ont obtenu près de 59 % des voix au second tour.